Vortex

Invités du festival : Avant-premières

Un couple âgé, dans un appartement parisien. Lui, « le père » (Dario Argento), est un ex-critique de cinéma, aux prises avec un livre sur les relations entre cinéma et inconscient, qu’il ne finira sans doute jamais ; elle, « la mère » (Françoise Lebrun), une ancienne psy qui sombre peu à peu dans la démence sénile. Leur quotidien est une suite de rituels : le café du matin, les courses, etc. La vie est une courte fête qui sera vite oubliée.

Révélé au grand public par Irréversible, et le choc qu’il créa au Festival de Cannes 2002, le franco-argentin Gaspar Noé occupe depuis une place singulière dans le cinéma français, défendant un cinéma de pure sensation, volontiers provocant. Son sixième long métrage est un récit de fin de vie, porté par une distribution inédite et étonnante : le maître du giallo, Dario Argento, et la comédienne de La Maman et la Putain, Françoise Lebrun, duo complété par Alex Lutz. « Vortex est vraiment inspiré par des expériences de ma vie récente, explique Gaspar Noé, et par tous ces ultra-proches brillantissimes dont j’ai vu la pensée se décomposer puis s’éteindre sous mes yeux. Le film renvoie probablement au vide qui nous entoure et dans lequel on flotte. […] C’est peut-être un film plus adulte que mes autres films. Mais j’ai surtout l’impression qu’à part Seul contre tous, et un court métrage intitulé Sida, je n’avais jamais fait que des films sur des ados pour des ados. Aujourd’hui à 57 ans, je rentre peut-être enfin un peu dans l’âge adulte. »

Poursuivant ses expérimentations visuelles, Noé a choisi de scinder l’écran en deux, chaque partie étant consacrée à l’un des membres du couple : « La grande innovation de Noé est d'avoir tourné l'ensemble du film en split-screen avec deux caméras portables braquées sur les protagonistes, même lorsqu’ils sont assis côte à côte sur le canapé ou couchés ensemble dans le lit. À un moment donné, la Mère se plaint de « cet homme qui [la] suit partout », sans qu'on puisse dire avec certitude si elle fait allusion à son mari, au caméraman ou à quelque chose d'autre : la présence invisible qui leur souffle dans le cou. » (Xan Brooks, The Guardian, 16 juillet 2021)