Villa Falconieri

Sublimes moments du muet

Le jeune comte Cola Graf Campana (Hans Stüwe) décide de louer la villa Falconieri, située dans la province de Rome, afin de se rapprocher de la princesse Sora (Eve Gray) dont il est amoureux. Mais sur place, il rencontre la belle Maria Mariano (Maria Jacobini) et son brutal mari Vittorio (Clifford McLaglen)…

 © Cineteca Bologna

Adapté du roman éponyme de l’écrivain allemand Richard Voss, Villa Falconieri est une coréalisation de Richard Oswald et Giulio Antamoro. Situé à Frascati, commune de la province de Rome, la villa Falconieri est la plus ancienne de la ville. Bâtie au XVI^e siècle, elle porte le nom de la famille qui l’a fait construire et conserve le fameux faucon de pierre au-dessus de sa porte. Cette villa était louée comme résidence d’été aux étrangers ; c’est ainsi que Richard Voss tira un roman de son séjour.

Né à Vienne en 1880, Richard Oswald fut d’abord acteur de théâtre avant de passer à la réalisation. Extrêmement prolifique, il a signé plus d’une centaine de films à Berlin entre 1914 (La Croix de fer) et 1935, date à laquelle il quitte l’Allemagne (il était d’origine juive), pour passer en France, comme tous les émigrés fuyant le nazisme. Il y tournera un seul film, Tempête sur l’Asie (1938), avec Conrad Veidt, et s’embarquera pour les États-Unis avant l’invasion allemande. Sa carrière là-bas sera brève, au contraire de celle de son fils Gerd, qui y tournera plusieurs séries B intéressantes. S’il est oublié aujourd’hui, Richard Oswald eut le mérite – et l’audace – de tourner en 1919 une œuvre étonnante (sur un scénario du sexologue Magnus Hirschfeld), avec déjà Conrad Veidt, Différent des autres, sans doute le premier film à présenter des homosexuels en les montrant de façon sinon triomphante (leur amour sera anéanti par la société scandalisée), mais du moins naturelle, sans caricature.

Quoiqu’il ne soit pas crédité de la coréalisation de Villa Falconieri par les histoires du cinéma, il semble bien que les extérieurs du film (les intérieurs ont été réalisés dans les studios berlinois) aient été tournés sur place par Giulio Antamoro, réalisateur à tout faire, qui avait commencé sa carrière en 1911 par une adaptation de Pinocchio (avec le comique Polidor), première d’une longue lignée. Comme de nombreux cinéastes italiens des années 1910 et 1920, il savait mettre en valeur les dive – Francesca Bertini (Les Musiciens de la rue, 1912), Carmen Boni (Miss Dorothy, 1920) et ici la grande Maria Jacobini (héroïne, dix ans plus tôt, du superbe Addio, giovinezza ! d’Augusto Genina), qu’il retrouvera la même année dans Le Crime de Vera Mistrewa, autre coproduction italo-allemande.