Un cave

Rétrospective Gilles Grangier

Granier (Claude Brasseur), un "cave" condamné pour de petites escroqueries, partage sa cellule avec Marcel Laigneau (André Weber), un vrai dur surnommé "le Dingue". Les deux hommes se lient d’amitié et Granier aide Laigneau à s’évader. Mais ce dernier est blessé durant sa fuite, et avant de mourir, il confie à son ami l’adresse de son ancien complice, Véron (Henri Garcin). Granier va alors dissimuler la mort de Laigneau et jouer faussement les intermédiaires pour soutirer de l’argent à Véron.

Presque une décennie après Le cave se rebiffe (1961), Gilles Grangier porte à l’écran un nouveau personnage de "cave" - en argot, une personne que l’on peut duper facilement, qui n’est pas du "milieu".

Ici, le cave se rebiffe à nouveau ! Bien que faiblard et naïf d’apparence, il tirera son épingle du jeu et tiendra tête à la police et aux gangsters qui croiseront sa route. Claude Brasseur incarne parfaitement le personnage de Granier et lui apporte crédibilité et vérité psychologique, malgré un scénario rocambolesque. Les personnages secondaires sont bien écrits et bien interprétés. Grangier connaît toutes les ficelles du genre et mène cette nouvelle histoire de Série Noire d’une main de maître : le récit est amoral et drôle, le rythme est rapide, plein de rebondissements.

La critique est inhabituellement positive et on salue l’efficacité du film, son scénario, sa mise en scène et ses acteurs.

« Simple mais ingénieux scénario qui, très habilement adapté, produit un festival de réflexes conditionnés, chacun des protagonistes — y compris la police — fondant son attitude sur des hypothèses fausses. Autre valeur : un dialogue d’Albert Simonin, le meilleur peut-être qu’il ait écrit. Sans cesse plaisant, divertissant, non par la recherche du mot d’auteur plus ou moins gratuit, mais par la grâce d’un enjouement pittoresque, dans un style faubourien, bon enfant, qui s’accorde toujours à la situation. Miracle rarissime du cinéma ! Enfin la mise en scène de Gilles Grangier est cursive à souhait. Travail intelligent du bon faiseur que son naturel préserve des messages et des thèses. Efficace dans la modestie. Tout cela donne un film des plus agréables qui présente une sorte de perfection dans sa catégorie. » (Louis Chauvet, Le Figaro, 25 avril 1972)