Two Friends

Prix Lumière : Jane Campion

Deux adolescentes, Kelly (Kris Bidenko) et Louise (Emma Coles), sont amies. Mais depuis quelques mois, elles se sont éloignées l’une de l’autre : tandis que Louise poursuit une vie tranquille auprès de sa famille, Kelly glisse doucement vers une certaine marginalité.

Jane Campion est née en 1954, à Wellington (Nouvelle-Zélande), dans une famille d’artistes : Richard, son père, est producteur et metteur en scène, et Edith, sa mère, actrice et écrivaine. Baignée dans le théâtre depuis l’enfance, elle commence pourtant des études d’anthropologie à Wellington, puis, lors d’un voyage en Europe, fréquente la School of Arts de Londres. À son retour aux antipodes, elle intègre le Sydney College of Arts, se consacrant au dessin et à la peinture, puis en 1981, l’Australian Film Television and Radio School. La jeune femme réalise alors des courts métrages et des téléfilms repérés par les festivals internationaux. Et c’est grâce à Pierre Rissient que ses premiers travaux sont sélectionnés à Cannes, où Two Friends est projeté et Peel (1983) reçoit la Palme d’or du court métrage.

C’est parce qu’elle a réalisé quelques mois plus tôt un épisode de la série Dancing Daze pour ABC que la chaîne australienne (et en particulier la productrice Jan Chapman) décide de financer le premier long métrage pour la télévision de Jane Campion, Two Friends. Le scénario a été écrit par la romancière Helen Garner, et inspiré par sa propre fille. C’est ainsi la rencontre de deux sensibilités, le scénario de l’une correspondant aisément à l’univers de l’autre : une histoire de jeunes filles, la fin de l’adolescence, une relation épistolaire, des familles dysfonctionnelles, une vie de tous les jours, décrite sans emphase.

« Devant cette approche tendre et distante, on pense à Vigo, ce n’est pas peu dire. » (Michel Ciment, Positif n° 305/306, juillet/août 1986) Two Friends, en de longs plans-séquence, des ellipses et une lente remontée vers le commencement, observe la vérité des situations et la perte des illusions pour les adolescentes bientôt adultes. Cette histoire mélancolique, émouvante et juste, est teintée d’une singulière drôlerie, signature de Jane Campion.

« Son travail pourrait sembler simple : il est la densité même.  Elle procède obliquement, par petits accords. Son ton est aigu, tout en restant discret. Une chaussure, une chaise, un rideau, ces objets inertes, elle va les fixer jusqu’à en extraire toute une gamme de vibrations, qu’elle se refuse à dilapider en dialogue. Et si elle exige du spectateur un effort, son secret est de faire de cet effort un plaisir. » (Helen Garner)