Tootsie

Sydney Pollack

En dix ans de sa carrière d’acteur, Michael Dorsey (Dustin Hoffman) a accumulé une stupéfiante série de bides. À New York, plus personne ne veut l’employer et son agent l’a abandonné. La frustration lui inspire un subterfuge : il se travestit en femme et postule pour un rôle féminin, que,  contre toute attente, il décroche. Commence alors un numéro de haute voltige qui va requérir toute son ingéniosité.

Sydney Pollack refusera longtemps de porter à l’écran le scénario de Tootsie avant de finalement accepter – Dustin Hoffman y travaillait déjà depuis deux ans et les scénaristes l’avaient remanié plusieurs fois.

Quoique peu accoutumé à la comédie, le cinéaste la choisit cette fois-ci plutôt que le drame, de peur de faire un film trop prétentieux et didactique. Si Tootsie est une œuvre drôle, elle ne tombe pas pour autant dans la coutumière blague graveleuse. Elle est également bien loin de la caricature et du stéréotype lorsqu’elle aborde la question de l’identité sexuelle et de la binarité de l’individu, ainsi que celles des préjugés, du sexisme et des comportements masculins abusifs. Aborder ces sujets est audacieux pour l’époque, mais le faire avec compréhension et tendresse, sans vulgarité facile, l’est encore plus. La même année, sort Victor/Victoria de Blake Edwards, remake de Viktor und Viktoria de Reinhold Schünzel, film allemand de 1933. Miroir inversé de Tootsie, le film développe lui aussi une réflexion sur le genre en racontant le parcours d’une jeune chanteuse qui ne parvient pas à trouver un emploi, jusqu’au jour où elle se travestit en homme et devient alors la coqueluche du Tout-Paris.

« Renouant avec le style éblouissant des grandes comédies américaines d’avant-guerre, le film, sous le couvert d’un comique de situations et de quiproquos fort drôles, pose pourtant un certain nombre de problèmes d’une actualité brûlante, et rejoint, au second degré, une critique sociale cinglante et une acuité psychologique parfois bouleversante. » (Patrick Schupp, Séquences n°112, avril 1983)

Tootsie est également une critique du royaume de l’apparence qu’est le monde du showbiz new-yorkais, ainsi qu’une peinture insolite et puissante du métier d’acteur. Dustin Hoffman est éblouissant et partage le perfectionnisme de son personnage.

Grand succès public, le film remportera une pluie de récompenses : Golden Globe du meilleur film musical ou de comédie ; Prix du meilleur acteur de la British Academy et Golden Globe du meilleur acteur dans un film musical ou une comédie pour Dustin Hoffman ; Golden Globe et Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour Jessica Lange…