The Lost Daughter

Invités du festival : Maggie Gyllenhaal

Seule, en vacances, au bord de la mer, Leda (Olivia Colman) est obsédée par une jeune mère et sa fille qu’elle observe sur la plage. Déstabilisée par leur complicité, Leda est submergée par ses souvenirs : elle se rappelle les premiers moments de sa maternité où elle se sentait terrifiée, perdue, chavirée. Un acte impulsif précipite Leda dans l’univers étrange et menaçant de son inconscient où elle doit assumer les décisions hors normes prises quand elle était jeune mère et leurs conséquences.

En lisant Poupée volée de la romancière italienne Elena Ferrante, publié avant sa fameuse tétralogie L’Amie prodigieuse, la comédienne américaine Maggie Gyllenhaal a été troublée par sa vision de la maternité : « Je me suis dit : Oh mon dieu, cette femme est vraiment dérangée. Puis, une milliseconde plus tard : Oh non, si je m'identifie vraiment à elle, est-ce que ça veut dire que je suis moi-même dérangée ? Puis j'ai réalisé que beaucoup de gens vivent cette expérience et que personne n'en parle. Ce sont des vérités secrètes sur une expérience féminine. » (Conférence de presse à la Mostra de Venise).

Avant de se lancer dans son premier film en tant que réalisatrice, Maggie Gyllenhaal a écrit à la mystérieuse romancière, afin qu’elle accepte que, pour la première fois, l’un de ses récits soit transposé hors d’Italie. Mais, après son accord, le Covid a déplacé le tournage et l’action – prévus sur une plage du New Jersey – jusqu’à l’île grecque de Spetses, où l’héroïne (jouée par Olivia Colman, un Oscar pour La Favorite) est désormais en vacances.

Pour explorer l’intériorité de ce personnage complexe, le récit alterne présent et passé, tout en refusant la psychologie explicite du cinéma américain dominant. « S'entourant de collaborateurs de premier ordre, Gyllenhaal contrôle le ton avec une grande habileté, laissant le spectateur tenter de deviner la direction que prend l'histoire et créant un véritable suspense autour de l’acte commis par Leda et de la menace constante qu’il soit découvert. La chef-opératrice française Hélène Louvart, qui a su explorer les émotions avec une telle intensité dans son travail avec la réalisatrice Eliza Hittman, fouille ici encore plus l’intime par ses gros plans qui scrutent les visages. » (David Rooney, The Hollywood Reporter, 3 septembre 2021)