Sicilia !

Trésors et curiosités

Un Sicilien (Gianni Buscarino), émigré aux États-Unis depuis quinze ans, est de retour dans sa ville natale pour rendre visite à sa mère (Angela Nugara). Lorsqu’il  la retrouve, elle lui fait des révélations sur l’époque où il était enfant et sur sa propre vie amoureuse.

Cinéastes radicaux, en conflit perpétuel avec le système dominant, le couple Danièle Huillet et Jean-Marie Straub — appelés "les Straub" — se rencontre à Paris en 1954. Jean-Marie Straub a découvert le cinéma dans son ciné-club de Metz et va à Paris en stop pour visionner les films qui ne passent pas dans sa ville. Fréquentant la Cinémathèque française, il y rencontre Truffaut, Doniol-Valcroze, Bazin, Rohmer et Rivette (dont il sera l'assistant), qu’il invite dans son ciné-club. C’est Danièle Huillet, qui avait pour projet de faire des documentaires en Afrique avant de le rencontrer, qui lui insuffle l’envie de faire du cinéma. Ils se lancent ensemble dans la réalisation, Jean-Marie s’occupe plutôt du cadre et de l’image, et Danièle de l’organisation et de la production, tandis que le montage se fait toujours à deux. Tous leurs films sont des adaptations de textes littéraires ou d’œuvres musicales.

Composé de quatre parties distinctes, Sicilia ! est fidèle au cinéma du couple : tourné en son direct, d’un noir & blanc sobre et sublime, le film est bouleversant de pureté et d’élégance.

« Bien au-delà de ce que cette intrigue minimaliste peut suggérer, le film parle essentiellement du rapport des hommes au monde dans ce qu’il y a de plus substantiel, en une sorte de lente et concrète remontée aux origines des mots et des choses. Voilà une œuvre qui touche à l’âpreté de la terre, à l’aveuglement de la lumière et aux vertiges de l’ombre, à la saveur des aliments, au tranchant de la langue, à l’incarnation des visages. Elle évoque, à travers la Sicile, la geste des vaincus de l’Histoire, l’exploitation du Sud par le Nord, le soleil noir de l’humiliation et de la solitude qui brille dans les yeux de ceux pour qui le temps semble s’être arrêté. On peut entrer dans ce film comme on entre dans la mythologie, avec pour viatique le cinéma tel que les Straub le pratiquent, art total, tout à la fois prosaïque et lyrique, où la parole se fait musique, le dialogue incantation, le geste théâtre, et le paysage peinture. » (Jacques Mandelbaum, Le Monde, 15 septembre 1999)