Après avoir remporté une victoire sur les Croisés à Alexandrie, le sultan d’Égypte et de Syrie, Saladin (Ahmed Mazhar), doit lutter contre une troisième croisade, nouvelle expédition, menée par Richard Cœur de Lion et Philippe Auguste. Entre les traîtrises de Renaud de Châtillon, qui massacre des pèlerins musulmans sur le chemin de La Mecque, et les luttes des cours française et anglaise, Saladin prépare la bataille pour garder Jérusalem.
« C’est une idée de la merveilleuse productrice Assia. […] Elle avait en face d’elle un réalisateur qui voulait faire une superproduction à l’américaine. Je disais : “Si les cow-boys d’Hollywood arrivent à faire des grands péplums comme Cléopâtre, moi aussi je peux le faire.” Nasser m’a donné 20 000 soldats et tout ce que je voulais, on l’obtenait. […] Quand il fallait tourner les grandes scènes de batailles, Assia me demandait : “Comment tu vas le faire ?” Je répondais : “Je vais faire de mon mieux.” Et elle de rétorquer : “C’est pas assez.” » (Youssef Chahine, Le révolutionnaire tranquille, Entretien avec Tewfik Hakem, Capricci)
La pionnière du cinéma égyptien Assia Dagher, actrice, fondatrice de Lotus Films et productrice (la première en Égypte) de plus d’une centaine de films, est à l’origine de Saladin, film à grand spectacle, capable de rivaliser avec les productions occidentales d’alors. Et c’est à Youssef Chahine qu’elle confie ce film au budget six fois plus important que les plus grandes productions de l’époque, soit 120 000 livres égyptiennes.
À travers l’histoire de Saladin, l’une des figures les plus mythiques de la culture arabe, le cinéaste conte l’affrontement entre chrétiens d’Occident et musulmans d’Orient, cette fois-ci, du point de vue arabe. Un souffle épique balaie cette tragédie classique. Youssef Chahine déploie tous ses talents, sans délaisser les expérimentations. Aux bains de sang des scènes de massacres hollywoodiennes, le cinéaste répond par la vivacité du montage – ainsi, il utilise une caméra qui tournoie sur un sol imbibé de rouge, montée en alternance avec des images de chevaux chargeant les pèlerins. Un traitement impressionniste qui renforce le sentiment de violence.
Surtout, en plein développement du panarabisme, Youssef Chahine se positionne : « Je tenais à exprimer ce que je ressentais personnellement sur un certain nombre de points : la Palestine, par exemple, et la possibilité pour les pays arabes de mener une action commune et positive, et surtout le fait que s’il y a un peuple tolérant, c’est bien le peuple arabe, avec une religion et une société très ouvertes et très conciliantes. » (Youssef Chahine, Revue du cinéma n°238, avril 1970)
Saladin (Al Nasser Salah Ad-Din)
Égypte, 1963, 3h06, couleurs, format 2.35
Réalisation Youssef Chahine
Scénario Youssef Chahine, Ezz Eldine Zulficar, d’après une idée de Youssef El Sebai et un roman de Naguib Mahfouz
Photo Wadid Sirry
Musique Angelo Francesco Lavagnino
Costumes Chadi Abdel Salam
Production Lotus Films
Interprètes Ahmed Mazhar (Saladin), Omar El-Hariri (Philippe II de France), Mahmoud Al-Méliguy (Conrad de Montferrat), Salah Zufiqar (Issa al awwam), Leila Faouzi (Virginia, princesse de Kerak), Tewfik El Dekn (le prince d'Acre)
Présentation au Festival de Moscou : juillet 1963
Sortie en France : 28 janvier 1970
Restauration Misr International Fils
Distributeur : Tamasa
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