Fraîchement diplômé, Arthur Vlaminck (Raphaël Personnaz) rejoint le ministère des Affaires étrangères. Il découvre le rôle-clé du flegmatique directeur de cabinet Maupas (Niels Arestrup), les intrigues de couloirs et les chausse-trapes des conseillers ambitieux. Il comprend surtout qu’être le « chargé de langage » du ministre n'est pas de tout repos. Car Alexandre Taillard de Worms (Thierry Lhermitte) est un ministre vibrionnant et beau parleur, féru de culture classique, dont les idées et les formules sont parfois difficiles à suivre…
La bande dessinée Quai d’Orsay paraît en deux tomes, en 2010 et 2011. Elle est dessinée par Christophe Blain, son scénario est signé Abel Lanzac, pseudonyme du diplomate Antonin Baudry (futur réalisateur du Chant du loup, 2019), qui y raconte son expérience auprès de Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères de 2002 à 2004. Bertrand Tavernier, dont ce sera le dernier long métrage de fiction, y voit immédiatement la matière d’une comédie : « Les auteurs avaient réussi à donner vie à des personnages incroyablement hauts en couleur : le ministre, par exemple, est digne de Molière ! Son côté péremptoire, prodigieusement imbu de lui-même, mais plutôt gentil avec ses collaborateurs parce que, même s’il les traite mal, il réserve ses insultes pour tout le reste de l’humanité. Il a une sorte de vanité qui passe dans ce ministère parce que ce ministère demande qu’on ait une haute idée de la France. » (24 images, mars 2014)
Bertrand Tavernier a pensé au rythme tourbillonnant de la screwball comedy, période Howard Hawks, comme le remarque le critique Scott Foundas : « Son amour pour les comédies de studio hollywoodiennes des années 30 et 40 est évident tout au long du film, qu'il s'agisse des dialogues rapides ou du lieu de travail où l’on se dispute l'affection du patron. » (Variety, septembre 2013)
Mais le film est aussi une peinture documentée et convaincante de l’exercice complexe du pouvoir à l’heure de l’accélération vertigineuse de l’information, quand chaque problème à résoudre est remplacé en quelques heures par le suivant. Les comédiens s’en donnent à cœur joie, notamment Thierry Lhermitte, en ministre ouragan, mais aussi Niels Arestrup, génial en directeur de cabinet à l’intelligence fine, sur un autre tempo que son ministre. La séquence finale reprend les mots de Dominique de Villepin devant le Conseil de sécurité de l’ONU en février 2003, et son refus de l’engagement de la France dans l’intervention en Irak, premier discours, dit-on, jamais applaudi dans cette enceinte.
Quai d’Orsay
France, 2013, 1h53, couleurs, format 1.85
Réalisation Bertrand Tavernier
Scénario Bertrand Tavernier, Christophe Blain et Abel Lanzac, d’après la bande dessinée de ces derniers
Photo Jérôme Alméras
Montage Guy Lecorne
Musique Philippe Sarde
Décors Émile Ghigo
Costumes Caroline de Vivaise
Production Frédéric Bourboulon, Little Bear, Pathé
Interprètes Thierry Lhermitte (Alexandre Taillard de Worms), Raphaël Personnaz (Arthur Vlaminck), Niels Arestrup (Claude Maupas), Bruno Raffaelli (Stéphane Cahut), Julie Gayet (Valérie Dumontheil), Anaïs Demoustier (Marina), Thomas Chabrol (Sylvain Marquet)
Distibuteur : Pathé
Présentation au Festival du Film Francophone d’Angoulême 27 août 2013
Sortie en France 6 novembre 2013
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