Ouvert la nuit

Invités du festival : Édouard Baer

Luigi (Édouard Baer) a une nuit pour sauver son théâtre. Une nuit pour trouver un singe capable de monter sur les planches et récupérer l'estime de son metteur en scène japonais (Yoshi Oida) ; une nuit pour regagner la confiance de son équipe et le respect de sa meilleure amie (Audrey Tautou) — qui est aussi sa plus proche collaboratrice... Et pour démontrer à la jeune stagiaire de Sciences-Po (Sabrina Ouazani), tellement pétrie de certitudes, qu'il existe aussi d'autres façons dans la vie d'appréhender les obstacles...

Né en 1966 à Boulogne-Billancourt, Édouard Baer est une figure remarquable des médias, du cinéma et du théâtre français. À 18 ans, il s’inscrit au Cours Florent où il devient l’assistant d’Isabelle Nanty, sa professeure de théâtre. Il débute sa carrière au début des années 90 sur Radio Nova, avec l’émission La Grosse Boule, accompagné par Ariel Wizman, puis sur Canal+ et au cinéma dans La Folie douce de Frédéric Jardin (1994). Après seulement quelques années sur les plateaux de tournage, il réalise son premier film La Bostella (2000), suivi de Akoibon (2005) et enfin, douze ans plus tard, Ouvert la nuit.

Fonctionnant sur le même principe, ses réalisations le mettent en scène dans une mise en abyme de ses milieux familiers : la télévision dans La Bostella, le cinéma dans Akoibon ou le théâtre dans Ouvert la nuit. Ainsi, cette nouvelle œuvre "de coulisses" a le charme de son réalisateur et fonctionne comme une odyssée, accompagné par la musique d’Alain Souchon, qui a composé un morceau spécialement pour le film. Au rythme de rencontres inattendues (on croise Michel Galabru dans son tout dernier rôle au cinéma) et de l’humour sophistiqué qu’on lui connaît, Baer entraîne le spectateur dans une tendre déambulation nocturne dans Paris, son terrain de jeu.

« Peu à peu, les lignes de fuite deviennent lignes maîtresses, les digressions des arguments principaux, et le film déploie avec une grande élégance cette petite mécanique de la nuit élastique, lorsque sous les réverbères le temps se dilate à l’infini. Aucun doute, on est ici en Baerland, ce petit territoire utopique inventé au mitan des années 1990, qui s’étend de la radio à la télévision et du cinéma au théâtre, et où tout tourne autour du roi Édouard, mais avec suffisamment de liberté pour que chacun puisse y exister. » (Jacky Goldberg, Les Inrockuptibles, 11 janvier 2017)