Une réunion des Bellocchio, à Plaisance (Émilie-Romagne), berceau de la famille. Si Marco Bellocchio a réuni les siens, c’est pour les interroger, enfin, sur son frère jumeau, Camillo qui s’est suicidé en 1968, à l’âge de 29 ans.
Deux ans après Le Traître, Marco Bellocchio a présenté ce poignant documentaire intime au Festival de Cannes 2021, où lui était remis une Palme d’or d’honneur. Bellocchio est, entre autres thèmes, le cinéaste de la famille dysfonctionnelle – dont l’oppression domestique est à ses yeux semblable à celles du parti, de la religion ou de l’organisation criminelle. Il revient aujourd’hui sur un épisode personnel fondateur qu’il a longtemps occulté : le suicide de son frère jumeau.
En parlant avec chacun des membres de sa famille, en se remémorant ces années et ces faits, en mêlant à ces témoignages émouvants des archives familiales et des extraits de ses propres films, Marco Bellocchio reconstitue les morceaux du passé. Il donne enfin corps à un fantôme qu'il a côtoyé toute sa vie et qui a habité, clandestinement, certains de ses films. « Je me suis rapproché de lui dans d'autres films : Les Yeux, la bouche, par exemple... Mais je n'ai pas vraiment un bon souvenir de ce film, peut-être parce que ma mère était encore là. Des éléments m'ont empêché de dire toute la vérité, que j'ai dispersée dans tous les autres films. Dans toutes mes histoires, il y a des fragments de lui et de moi : ici, ils se rejoignent. Cette tragédie a vraiment traversé toute ma vie. Tous les suicides dans mes films, du Saut dans le vide au Metteur en scène de mariages, l’évoquent... Maintenant, je suis libre à 100 %. C'est peut-être pour cela que c'est aussi un film drôle. » (Amica, 16 juillet 2021)
« Marx peut attendre » est une phrase qu’avait lancée Camillo, solitaire et dépressif, à son frère cinéaste à succès, emporté par les idéologies de l’époque. Mais Marx n’avait pas attendu… Le documentaire, note Luc Chessel dans Libération (16 juillet 2021) n’est « pas un film de flagellation, mais une forme d’hommage radical à l’horreur de ces espaces sans air, famille, école, religion, société, où les enfants sont jetés pour vivre, mais aussi à l’intelligence que cette horreur produit – l’humour, la névrose, la résistance, l’étrangeté qu’on entend chez les personnages, ces anciens qui partagent avec leur frère célèbre un certain goût de la précision et une révolte sous-jacente. »
Marx peut attendre (Marx può aspettare)
Italie, 2021, 1h36, couleurs, format 1.85
Réalisation & scénario Marco Bellocchio
Photo Michele Cherchi Palmieri, Paolo Ferrari
Musique Ezio Bosso
Montage Francesca Calvelli
Décors Andrea Castorina
Costumes Daria Calvelli
Production Beppe Caschetto, Simone Gattoni, Kavac Film
Avec Marco Bellocchio, Piergiorgio Bellocchio, Alberto Bellocchio, Letizia Bellocchio, Maria Luisa Bellocchio, Pia Bareggi, Francesco Bellocchio, Gianni Schiccchi.
Sortie en Italie 15 juillet 2021
Présentation au Festival de Cannes 16 juillet 2021
Distribution France : Ad Vitam
Remerciements à Kavac Film
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