Maîtresse

Invités du festival : Bulle Ogier

Olivier (Gérard Depardieu), jeune provincial sans travail, débarque à Paris et rejoint Mario (André Rouyer), un individu louche qui l’embauche pour vendre des livres d’art au porte-à-porte. Ils font ainsi la connaissance d’Ariane (Bulle Ogier), une jeune femme habitant au cinquième étage d’un vieil immeuble. Apprenant que l’appartement du dessous est inoccupé, les deux hommes reviennent pour le cambrioler. Ils sont alors surpris par Ariane, étrangement vêtue : tenue de cuir, cape noire, gants, bottes, perruque...

Une nuit de 1970 à Paris, Bulle Ogier fait la rencontre de Barbet Schroeder. Quelques jours plus tard, il lui propose de le suivre sur le tournage de La Vallée (1972) en Nouvelle-Guinée. Elle accepte, ils ne se quitteront plus.

Avec Maîtresse, le cinéaste souhaite adopter une approche documentaire pour filmer l’univers sadomasochiste, mais aussi et avant tout la réalité d’une vie de couple. Il n’est pas question de voyeurisme, mais de la description précise d’une histoire d’amour dans un contexte insolite et pourtant bien réel. « Je n’ai pas voulu faire une analyse sur le masochisme, mais une approche à travers des personnages les plus vivants et les plus vrais possibles ; pour cette raison, Maîtresse est un film centré sur les acteurs. J’essaye toujours de faire des films qui aient un fort impact documentaire, qui donnent peut-être à réfléchir, mais surtout à rêver. D’ailleurs, il s’agit de personnages qui s’enfuient dans le rêve, et ce rêve est montré de façon documentaire. » (Barbet Schroeder, Cinématographe n°16, décembre 1975/janvier 1976)

Bulle Ogier et Gérard Depardieu sont justes ; leurs personnages s’initient l’un l’autre : Ariane révèle les désirs enfouis sous l’innocence d’Olivier et celui-ci lui permet de rompre avec sa vie professionnelle. Un contraste absolu est ainsi créé entre la femme d’en haut et celle d’en bas, à l’image des deux appartements, parfaitement opposés. Cette vision manichéenne se traduit par des choix esthétiques très affirmés et une attention toute particulière portée aux décors, aux costumes et au maquillage. 

« Barbet Schroeder a l’intelligence de filmer la relation sadomasochiste comme un théâtre plus cérébral que sexuel. Ce qui est excitant ici n’est pas tant ce qu’on voit, mais la mise en scène en soi, un spectacle raffiné qui fait durer le désir […]. Et ce n’est pas la moindre élégance du film que de montrer que le SM n’exclut pas l’amour, bien au contraire… » (Olivier Nicklaus, Les Inrockuptibles, 10 juin 2008)