Madame de La Pommeraye (Cécile de France), jeune veuve retirée du monde, cède à la cour du marquis des Arcis (Édouard Baer), libertin notoire. Après quelques années d’un bonheur sans faille, elle découvre que le marquis s’est lassé de leur union. Toujours follement amoureuse et terriblement blessée, elle décide de se venger de lui avec la complicité de Mademoiselle de Joncquières (Alice Isaaz) et de sa mère (Natalia Dontcheva)...
Courtiser, séduire, aimer. Dissimuler, trahir, offenser. Manipuler, intriguer, se venger. Pour son premier film en costumes, Emmanuel Mouret ne s’éloigne pas de l’ADN de son œuvre : les choses de l’amour ou l’art d’aimer. Et c’est dans le texte Jacques le fataliste et son maître de Diderot (adapté en 1945 par Robert Bresson avec Les Dames du bois de Boulogne) que le cinéaste puise la matière de Mademoiselle de Joncquières : les mots, les dialogues ciselés, la bataille des idées au cœur du siècle des Lumières, les géométries variables du triangle amoureux. Avec une infinie maîtrise du cadre, des espaces et des mouvements, une pureté du geste, Mouret filme la joute amoureuse et le jeu des apparences, la distance entre ce que l’on dit et ce que l’on fait, ce que l’on prétend et ce que l’on s’avoue. L’amour comme une lutte.
Car à ce jeu-là, la machination d’une femme bafouée est redoutable. Elle n’est pas seulement personnelle, mais revêt des enjeux pour l’ensemble du genre féminin – particulièrement modernes et contemporains – : éduquer les hommes. Pour Madame de La Pommeraye, « si aucune âme juste ne tente de corriger les hommes, comment espérer une meilleure société ? »
Pour autant, Mademoiselle de Joncquières n’est pas manichéen. Sous l’apparente légèreté du marquis des Arcis pointe la mélancolie. De la douleur d’être à son tour rejeté naît la lente maturation d’un sentiment enfoui. Édouard Baer offre au marquis son art de la rhétorique. Pour le cinéaste, « Édouard était une évidence. Son élocution, sa distinction, sa décontraction font que tous les dialogues lui allaient comme un gant. »
« Faisant la part belle au texte et aux plans longs, le film épouse tout autant le cours sinueux des sentiments que la lutte intestine qu’ils recouvrent, puisque, c’est bien connu, l’amour est aussi un champ de bataille, une lutte, à celui qui prendra un réel ascendant sur l’autre, à qui joue ou sera joué. Le siècle des Lumières offre à cela le plus bel écrin qui soit, celui de sa langue, dont les comédiens restituent tout le charme. Une langue empreinte de mille subtilités, pénétrée de précision mais soumise à équivoque. Cet art de la conversation, Mouret le met en scène comme une flânerie entre parcs et jardins, où le rythme alangui de la marche permet de joindre la réflexion au sentiment. » (Mathieu Macheret, Le Monde, 12 septembre 2018)
Mademoiselle de Joncquières
France, 2018, 1h49, couleurs, format 2.35
Réalisation & scénario Emmanuel Mouret, d’après Jacques le fataliste et son maître de Denis Diderot
Photo Laurent Desmet
Montage Martial Salomon
Décors David Faivre
Costumes Pierre-Jean Larroque
Production Frédéric Niedermayer, Moby Dick Films, Arte France Cinéma, Reborn Production
Interprètes Cécile de France (Madame de La Pommeraye), Édouard Baer (le marquis des Arcis), Alice Isaaz (Mademoiselle de Joncquières), Natalia Dontcheva (Madame de Joncquières), Laure Calamy (Lucienne, l'amie de Madame de La Pommeraye)
Présentation au Festival de Toronto 7 septembre 2018
Sortie en France 12 septembre 2018
Distributeur : Pyramide
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