Les Trois Mousquetaires

Sublimes moments du muet

Gascon désargenté, d’Artagnan (Douglas Fairbanks), 18 ans, débarque à Paris pour devenir mousquetaire. Il se lie d’amitié avec Athos (Léon Bary), Porthos (George Siegmann) et Aramis (Eugene Pallette), mousquetaires de Louis XIII (Adolphe Menjou). Ces quatre hommes vont s’opposer au Premier ministre, le cardinal de Richelieu (Nigel De Brulier) et à ses agents, pour sauver l’honneur de la reine, Anne d’Autriche (Mary MacLaren).

Réalisateur reconnu à Hollywood depuis son immense succès international Le Signe de Zorro (1920), Fred Niblo retrouve Douglas Fairbanks pour l’adaptation du plus célèbre des romans d’Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires. Ce n’est pas la première adaptation de l’œuvre de Dumas : en 1921, la version française d’Henri Diamant-Berger sort sur les écrans, et la presse organise une "mise en concurrence" des deux films, alors que celui de Niblo n’est pas diffusé sur les écrans hexagonaux. Mais c’est la première d’une telle envergure. Avec Le Signe de Zorro, son premier film de cape et d’épée, Fairbanks avait compris que la mode était aux films d’époque, aux héros historiques et légendaires. Sûr du succès et des recettes que pouvait apporter le célèbre récit – et aussi parce qu’il rêve depuis longtemps d’incarner d’Artagnan –, l’acteur-producteur ne lésinera pas sur les moyens : décors grandioses, costumes splendides, distribution impeccable, tournage de près de trois mois, occupant deux studios entiers — les Studios Douglas Fairbanks pour les petits décors et les studios Robert Brunton, future Paramount, pour les intérieurs les plus luxueux.

Plein de fougue, Fairbanks est un parfait d’Artagnan et, comme il l’avait prévu, le film est un formidable succès, séduisant public et critique. « Douglas est ici un d’Artagnan que même Dumas n’aurait jamais pu rêver. Il est la personnification de tous les fougueux bretteurs de Gascogne qui ont bataillé dans les romans français, toujours pour le sourire d’une dame. Il ne pourfend jamais un seul homme s’il y en a six à pourfendre à la place, il ne quitte jamais une pièce par la porte s’il y une fenêtre ou un toit à proximité, il ne contourne jamais un objet (y compris les êtres humains) s’il peut sauter par dessus […] Si vous aimez Douglas Fairbanks, et il est impossible de croire que vous ne l’aimez pas, vous pouvez être certain que vous dévorerez Les Trois Mousquetaires. » (Charles Ford, Douglas Fairbanks ou la nostalgie d’Hollywood, France Empire)