Romancier sans succès, Joseph Turner (Robert Redford) travaille comme documentaliste à l'American Literary Historical Society à Washington, paravent d’une section de la CIA. Son travail consiste à déceler, dans les romans policiers et d’espionnage, des traces de fuites ou de nouvelles idées originales à exploiter. Croyant avoir découvert un réseau clandestin au sein même de l’institution, Turner rédige un rapport. Quelque temps après, tous les membres de sa section sont assassinés. Paniqué, Turner contacte en urgence son responsable, sous son nom de code, Condor. Il est invité à se tenir à l’écart de l’enquête, mais choisit de désobéir…
© Studiocanal
Avec Les Trois Jours du Condor, Sydney Pollack se lance dans le genre ouvertement politique. Tourné après le scandale du Watergate mais avant Les Hommes du président d’Alan J. Pakula (1976), le film s’inscrit dans la vague de films américains des années 70 dont le cœur est la théorie du complot. Adapté du roman du journaliste d’investigation James Grady, Six Days of the Condor, le film a été allégé des ressorts grandiloquents du livre. Michael Henry déclarait à propos du cinéaste : « Rien ne le rebute autant que le manichéisme ou le dogmatisme. De toute évidence, il préfère les individus aux idées, les sentiments aux idéologies, les nuances du gris au contraste du noir et blanc. On reconnaît là une des vertus de cet humanisme indéfectible qui produisit les œuvres les plus généreuses des années 50. » (Positif n°178, février 1976)
Sydney Pollack impose ici une atmosphère oppressante : le ciel se couvre de nuages menaçants, les longues focales rendent imperceptible l’arrière-plan et enveloppent Turner de contours inquiétants. Le film plonge le spectateur dans un New York labyrinthique, truffé de cabines téléphoniques, d’ascenseurs et autres espaces clos, jalonnant la fuite permanente du héros et sa quête contrariée de vérité.
Au-delà d’être un excellent thriller, Les Trois Jours du Condor offre une vision inédite des dessous de la CIA, à la fois secrète, puissante, inhumaine. Le cinéaste met en scène un monde où seules dominent la suspicion et la loi du secret. Le film apparaît aujourd’hui doté d’un caractère intemporel. Dépassant la simple dénonciation d’une conspiration, il évoque la solitude de l’homme au sein d’un système qui éloigne les individus. La méfiance évolue en paranoïa, cette dernière contaminant tout ce qui entoure le fugitif. Pour Sydney Pollack : « Peu de choses expriment la vérité autant que le font les mensonges. » (Positif n°572, octobre 2008).
Les Trois Jours du Condor (Three Days of the Condor)
Etats-Unis, 1975, 1h57, couleurs (Technicolor), format 2.39
Réalisation Sydney Pollack
Scénario Lorenzo Semple Jr., David Rayfiel, d’après le roman Les Six Jours du Condor de James Grady
Photo Owen Roizman
Musique Dave Grusin
Montage Don Guidice
Décors George DeTitta
Costumes Joseph G. Aulisi, Theoni V. Aldredge
Production Stanley Schneider, Sydney Pollack, Dino De Laurentiis Company, Paramount Pictures, Wildwood Enterprises, Condor Production Company
Interprètes Robert Redford (Joseph Turner / Le Condor), Faye Dunaway (Kathy Hale), Cliff Robertson (Higgins), Max von Sydow (Joubert), John Houseman (Mr. Wabash), Addison Powell (Leonard Atwood), Walter McGinn (Sam Barber), Tina Chen (Janice Chon), Michael Kane (Wicks), Don McHenry (Docteur Lappe)
Sortie aux États-Unis : 24 septembre 1975
Sortie en France : 21 novembre 1975
Restauration 4K au laboratoire Hiventy en 2019 supervisée par Studiocanal.
Distributeur : Les Acacias
Ce site nécessite l'utilisation d'un navigateur internet plus récent. Merci de mettre à jour votre navigateur Internet Explorer vers une version plus récente ou de télécharger Mozilla Firefox. :
http://www.mozilla.org/fr/firefox