Dans un immeuble de la banlieue parisienne, deux hommes se querellent. La bagarre tourne mal : François (Jean Gabin) tue Valentin (Jules Berry). La police cerne l’immeuble et François doit se réfugier dans sa chambre. Allongé sur le lit, tandis que la nuit s’avance, il se souvient de sa rencontre avec Françoise (Jacqueline Laurent), de leur histoire d’amour…
Peu de temps après Quai des brumes, création à l’ambiance inimitablequi consacre immédiatement Marcel Carné, le cinéaste enchaîne un nouveau film avec Jean Gabin. L’acteur avait acheté les droits de Martin Roumagnac de Pierre-René Wolf, mais le sujet ne plaisait guère à Carné. Jacques Prévert, lui, s’attelait à écrire, non sans mal, une histoire de gangsters. Finalement, c’est grâce au voisin de Carné, le romancier et poète Jacques Viot, qui avait d’ailleurs connu Prévert au Groupe surréaliste, que naît Le jour se lève. Viot lui fait lire un synopsis de trois pages : « Quelques minutes plus tard, je reposai avec lenteur le papier sur la table… Je venais d’avoir le coup de foudre. Non pour l’intrigue proprement dite […] mais par la manière dont elle était construite. » (Marcel Carné, La Vie à belles dents, Éd. Jean Vuarnet)
Pour la première fois dans le cinéma français, un film entier est construit en flash-back. Le jour se lève, par sa construction extrêmement moderne, préfigure ce que seront les films noirs américains. Il est également, comme le souligna André Bazin, la quintessence de la tragédie, le spectateur sachant dès le début que tout finira mal. Ainsi, les moindres moments de bonheur sont inexorablement teintés de noirceur, de désespoir, de cette fatalité qui attend derrière la porte.
Apogée du film de studio, Le jour se lève touche au sublime grâce aux décors de Trauner. Afin de donner l’impression d’un homme muré dans sa chambre, le décor est constitué de quatre panneaux, équipe et comédiens devant emprunter porte ou fenêtre pour accéder au plateau, puis les passerelles du dessus, une fois la porte et la fenêtre condamnées par l’intrigue.
« Comme Le jour se lève serait impensable sans la musique, le drame se viderait de toute crédibilité sans le décor qui l’authentifie… Le réalisme de Carné sait, tout en restant minutieusement fidèle à la vraisemblance de son décor, le transposer poétiquement, non pas en le modifiant par une transposition formelle et picturale, comme le fit l’expressionnisme allemand, mais en dégageant sa poésie immanente, en le contraignant à révéler de secrets accords avec le drame. » (André Bazin, Ciné-club n° 1, décembre 1949)
Le jour se lève
France, 1939, 1h33, noir et blanc, format 1.37
Réalisation Marcel Carné
Scénario Jacques Prévert, Jacques Viot
Dialogues Jacques Prévert
Photo Philippe Agostini, André Bac, Albert Viguier
Musique Maurice Jaubert
Montage René Le Hénaff
Décors Alexandre Trauner
Costumes Boris Bilinsky
Production Jean-Pierre Frogerais, Productions Sigma
Interprètes Jean Gabin (François), Jules Berry (Monsieur Valentin), Arletty (Clara), Mady Berry (la concierge), René Génin (le concierge), Arthur Devère (Gerbois), René Bergeron (le patron du café), Bernard Blier (Gaston), Marcel Pérès (Paulo), Germaine Lix (la chanteuse), Gabrielle Fontan (la vieille femme dans l'escalier), Jacques Baumer (le commissaire), Jacqueline Laurent (Françoise)
Sortie en France : 9 juin 1939
Restauration 4K Studiocanal.
Distributeur : Tamasa (pour Studiocanal)
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