Lors d’un voyage transatlantique,Liza (Aleksandra Slaska) reconnaît,parmi les passagers du bateau, Marta (Anna Ciepielewska), une déportée d’Auschwitz qu’elle croyait morte. Elle avoue alors à son mari (Jan Kreczmar) qu’elle n’était pas, comme elle le lui avait fait croire, prisonnière dans les camps, mais surveillante SS.
Adapté de la pièce radiophonique La Passagère de la cabine 45 de Zofia Posmysz, elle-même détenue à Auschwitz et Ravensbrück, La Passagère est inspiré de son expérience dans les camps, dont elle témoignera également dans son roman autobiographique, publié en 1962.
En 1961, alors en plein tournage du film, le cinéaste Andrzej Munk décède dans un accident de voiture. À ce moment-là, il a terminé les scènes d’Auschwitz mais à peine commencé celles du bateau. Il faudra deux ans au groupe de réalisation "Kamera" et au plus proche collaborateur et ami de Munk, Witold Lesiewicz, pour réussir à donner à ce film inachevé une forme définitive, comblant les vides à l’aide d’une voix off et d’un certain nombre de plans fixes.
Ce film puissant, que la mort soudaine de son réalisateur rend encore plus tragique, illustre le conflit entre la responsabilité et la conscience personnelle et pose la question de la fiabilité du souvenir : il y a en effet un fossé entre les souvenirs de Liza et le récit qu’elle en fait.
« Avant d’entreprendre son film, Munk avait déclaré “Je veux exprimer que l’homme ne peut échapper à son passé, qu’il est responsable de ses actes devant la société et devant sa conscience. On ne peut pas oublier les criminels de guerre, ni les cacher, les excuser ou les exterminer.” Nous avons vu bien des films sur la déportation. La Dernière Étape fut le premier. Mais tourné au lendemain de la tragédie, il possédait ce côté passionnel inévitable, comme un cri de colère en forme d’épopée. Les bourreaux y formaient un tout, schématiquement brutal, de monstres à figure presque inhumaine. La Passagère, au contraire, grâce au recul du temps et au jeu de la mémoire, nous montre les criminels, non pas "sympathiques" mais terriblement humains : ce ne sont ni des fous sadiques, ni des monstres, mais des êtres responsables de leurs actes. Ce qui les rend totalement inexcusables… » (Samuel Lachize, L’Humanité, 3 novembre 1964)
La Passagère (Pasazerka)
Pologne, 1963, 1h, noir et blanc, format 2.35
Réalisation Andrzej Munk, Witold Lesiewicz
Scénario Andrzej Munk, Zofia Posmysz, d’après la pièce de théâtre radiophonique La Passagère de la cabine 45 de Zofia Posmysz
Photo Krzysztof Winiewicz
Musique Tadeusz Baird; Johann Sebastian Bach
Montage Zofia Dwornik
Décors Tadeusz Wybult
Costumes Wieslawa Chojkowska, Louise Stjernsward
Production Zespol Filmowy "Kamera"
Interprètes Aleksandra Slaska (Liza), Anna Ciepielewska (Marta), Jan Kreczmar (Walter), Marek Walczewski (Tadeusz), Irena Malkiewicz (la surintendante Madel), Barbara Horawianka (l’infirmière), Maria Koscialkowska (la gardienne Inga Weniger), Anna Jaraczówna (une kapo), Barbara Walkówna (une kapo), Janusz Bylczynski (un kapo), Leon Pietraszkiewicz (le commandant du camp Grabner)
Sortie en Pologne 20 septembre 1963
Présentation au Festival de Cannes 9 mai 1964
Présentation à la Mostra de Venise 28 août 1964
Sortie en France 28 octobre 1964
Restauration 2K par le laboratoire DI Factory en collaboration avec reKino à partir du négatif original.
Restauration inédite.
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