La Loi du Nord

Lumière Classics

Robert Shaw (Pierre Richard-Willm), industriel new-yorkais, assassine l’amant de sa femme. Lors de son procès, il plaide la folie, aidé par ses amis, avocat et médecin. Grâce à sa secrétaire et maîtresse Jacqueline (Michèle Morgan), il s’enfuit de l’hôpital psychiatrique. Les amants gagnent le Canada et s’enfoncent dans les étendues désertiques du Grand Nord afin de fuir la police. Ils y rencontrent Louis Dumontier (Jacques Terrane), un trappeur auprès duquel Robert Shaw se fait passer pour un documentariste à la recherche d’un guide.

D’origine belge puis naturalisé français, Jacques Feyder est d’abord figurant dans les films de Georges Méliès, Louis Feuillade, Victorin Jasset et Gaston Ravel. Il devient l’assistant de ce dernier de 1912 à 1915. Après avoir réalisé de nombreux films pour Gaumont, il s’impose avec L’Atlantide (1921), pour lequel il part plusieurs mois en Afrique, refusant de tourner ses extérieurs en France. Pour La Loi du Nord, son avant-dernier film, Feyder tourne à Villard-de-Lans, dans le Dauphiné, puis dans les grandes étendues enneigées de la Laponie suédoise. Au retour, il emmène son équipe dans les célèbres grottes d’Arcy-sur-Cure, emplies de stalactites et de peintures pariétales, parmi les plus anciennes du monde.

« [Jacques Feyder] s’égale aux maîtres américains, il les dépasse, parce qu’il ajoute à sa maîtrise technique la "touche" si humaine et si personnelle de son talent. Reconnaissons qu’une interprétation remarquable le sert, en tête nous placerons Michèle Morgan. Cette jeune actrice, plus belle et plus émouvante qu’elle ne l’a jamais été, est d’une simplicité, d’une justesse de ton étonnantes. D’un regard — et quel admirable regard elle a ! — elle exprime ses sentiments. Et il n’est plus besoin ni de texte, ni de mouvements, pour que nous soyons pris jusqu’à l’âme. La façon dont elle a joué la scène de la mort, d’une extrême difficulté, la classe parmi les très grandes artistes. […] D’excellentes prises de vues de Roger Hubert mettent en valeur chacune des images de ce film, qui est un très grand film. Seul un homme comme Jacques Feyder pouvait l’entreprendre. Seul, il pouvait le réussir, car il était hasardeux d’empiéter, en France, sur un terrain qui semblait appartenir exclusivement aux Américains. » (Odile Cambier, Cinémonde n°567, 30 août 1939)