Saget (Pierre Fresnay) est poursuivi par la police après avoir braqué une banque. Il est pris en voiture par un automobiliste ivre, Ludovic Mercier (Henri Charrett), qui revient dans sa ville natale après avoir fait fortune aux États-Unis. Mais le véhicule dérape, sort de la route et heurte un arbre : Mercier meurt mais Saget est sain et sauf. Il décide alors d’usurper l’identité du mort.
Henri Decoin est l’un des cinéastes les plus notables de la période 1930-1960, pourtant longtemps mésestimé des histoires du cinéma français.Il a illustré tous les genres, des films d’espionnage aux fresques historiques, en passant par les drames psychologiques. Et ce, toujours avec une même précision d’écriture et un sens du dialogue qui fait mouche, servis par la fine fleur de l’époque : Jean Gabin, Danielle Darrieux, Louis Jouvet, Raimu, Bernard Blier…
« L’histoire elle-même et sa construction donnent une impression de qualité qui frappe. C’est du travail sérieux, presque sans bavure et qui tient longuement l’attention. Quant à la réalisation, c’est l’une des meilleures — sinon la meilleure — d’Henri Decoin, et l’on ne peut nier qu’elle ait de l’allure. Le film ainsi obtenu contient souvent une violence et une sorte de dureté interne, où le sens du sujet se dessine fortement. Un élément satirique discret, mais assez aigu à l’égard de certaines manifestations de la morale bourgeoise n’est pas, loin de là, ce qu’il y a de moins intéressant dans ce film attachant. » (Jean Rougeul, Opéra n°50, 24 avril 1946)
Le scénario de Fille du diable emprunte beaucoup à celui du Bienfaiteur, réalisé par Decoin quatre ans plus tôt. On y retrouve le thème du double, le personnage principal jouant sur deux tableaux et dissimulant sa véritable identité. Quoique tourné après la guerre, le film s’inscrit dans le courant d’un certain cinéma de l’Occupation, celui de Clouzot, d’Albert Valentin ou de Georges Lacombe, avec sa peinture acerbe de la vie de province et de sa bourgeoisie, même si son regard est moins acéré. Ce drame noir est porté par un superbe trio d’acteurs : Fernand Ledoux et Pierre Fresnay sont remarquables mais c’est surtout le personnage d’Isabelle, interprété par Andrée Clément, qui marque les esprits. « Ce personnage fiévreux, étrange, malsain, est probablement l’un des plus extrêmes que Decoin, plus habitué aux demi-teintes ou à la tempérance, ait filmé. » (Yves Desrichard, Henri Decoin, Bibliothèque du Film/Durante)
Fille du diable
France, 1946, 1h39, noir et blanc, format 1.37
Réalisation Henri Decoin
Scénario Henri Decoin, Alex Joffé, Jean Lévitte
Dialogues Marc-Gilbert Sauvajon
Photo Armand Thirard
Musique Henri Dutilleux
Montage Charles Bretoneiche
Décors Raymond Nègre
Production Société d'Exploitation des Établissements Pathé Cinéma, Safia
Interprètes Pierre Fresnay (Saget), Andrée Clément (Isabelle), Fernand Ledoux (le docteur), Thérèse Dorny (la tante Hortense), Henri Charrett (Ludovic Mercier), Paul Frankeur (l'aubergiste), Robert Seller (le maire), Pierre Juvenet (le curé), Félix Claude (Saint-Jean), Albert Glado (le gamin), Serge Andréguy ("N'a-qu'un-sou"), François Patrice (Georges), Albert Rémy (Clément), Nicolas Amato (le brigadier)
Sortie en France : 17 avril 1946
Restauration Pathé 4K, d’après les négatifs originaux nitrates, effectuée au laboratoire Hiventy pour la partie image et L.E. Diapason pour la partie son.
Restauration inédite.
Distributeur : Pathé Distribution
Ressortie en salles au premier semestre 2022.
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