La Balance

Grandes projections

Pour faire face à la montée d’une nouvelle criminalité, la Police judiciaire crée les Brigades territoriales, unités intégrées dans le tissu urbain de la pègre. Chaque groupe a son propre réseau d’informateurs sans lesquels il ne peut travailler. Un jour, l’indic de l’inspecteur Mathias Palouzi (Richard Berry) est assassiné. Palouzi doit alors trouver une nouvelle "balance" s’il veut coincer Roger Massina (Maurice Ronet), tueur à gages à la retraite reconverti en receleur.

En 1965, Bob Swaim quitte les États-Unis et s’installe à Paris pour suivre des cours d’anthropologie à la Sorbonne. Fréquentant assidûment la Cinémathèque française, il se tourne bientôt vers le cinéma et intègre l’École Louis Lumière. Son court métrage L’Autoportrait d’un pornographe (1971) est remarqué, et il tourne en 1977 La Nuit de Saint-Germain-des-Prés, une aventure de Nestor Burma, d’après Le sapin pousse dans les caves de Léo Malet.

La Balance est son second long métrage. Cherchant à être au plus proche de la réalité, Swaim passe six mois au sein d’une brigade territoriale : « La Balance, c’est la police française d’aujourd‘hui. Tout ce qui est sur l’écran est authentique. L’histoire est une fiction, mais le reste est vrai ! » (Bob Swaim, Cinéma 82 n°288, décembre 1982). Le cinéaste choisit une approche vive et nerveuse de Paris. Il s’engouffre dans des quartiers rarement visités par les caméras, Belleville, la Goutte d’or ou les Grands Boulevards. Si l’esthétique est différente, l’intrigue reste dans la tradition des polars classiques des années 50, même si Swaim montre des méthodes policières sanglantes, d’une grande violence.

La Balance sera un grand succès public, avec plus d’un million d’entrée, et recevra trois César – meilleur film, meilleur acteur pour Philippe Léotard, meilleure actrice pour Nathalie Baye.

« La Balance se veut une approche originale de la Série Noire et, de fait, Swaim insuffle à son film un dynamisme très américain qui le situe, toute choses égales, du côté d’un Don Siegel des bords de Seine. Il y a ainsi quelque chose d’à la fois déplaisant et ambigu dans cette bande où chacun flingue à tort et à travers, à commencer par les policiers eux-mêmes. Phénomène propre jusqu’ici au cinéma US et qui, pour la première fois, semble-t-il, se manifeste en France. […] Swaim, Américain à Paris, filme Belleville comme aucun cinéaste ne l’a jusqu’ici saisi. Sens du décor et du cadrage, rythme soutenu, ambiguïté de situations où rien n’est jamais tranché : autant de qualités pour un film de bonne tenue, non exempt de bavures certes. » (Gilles Cèbe, Cinématographe n°84, décembre 1982).