Trois amis, une jeune femme, Nathalie (Marie Gillain), et deux garçons, Éric (Olivier Sitruk) et Bruno (Bruno Putzulu), rêvent de s’installer aux États-Unis. Pour cela, ils pensent avoir besoin de dix millions de francs. Leur idée : se servir de Nathalie comme appât pour attirer des hommes, les assassiner et les voler.
Ours d’or au Festival de Berlin, L’Appât est un drame saisissant inspiré d’un fait divers, dans lequel trois jeunes sans histoires deviennent, avec une déroutante inconscience, les acteurs des meurtres les plus sordides. Le film, d'un terrible réalisme, dresse le portrait de ceux qui ont été surnommés "les diaboliques". En perte de repères, ils sont prêts à l'impensable pour récolter l'argent dont ils ont besoin pour rejoindre les États-Unis, terre promise mythique où tout semble possible, devenue, selon Bertrand Tavernier, une référence culturelle, sociale et idéologique dans l'imaginaire d’une majorité de la jeunesse.
À travers le constat glaçant d’une société en perte de valeurs, le cinéaste livre une charge contre la société des médias et du spectacle, qui place l’argent au cœur de tout, imprègne le cerveau des jeunes d’idées fausses, et délivre une vision erronée de la réalité.
Adapté du roman éponyme de Morgan Sportès, L'Appât en garde la trame dramatique et certaines péripéties, mais modifie légèrement le point de vue. En effet, le réalisateur décide d'éliminer le procès et d’approfondir plus longuement les rapports entre Nathalie, Éric et Bruno. Plutôt qu'une reconstitution exacte du fait divers originel, le film a pour ambition de lancer un cri d'alarme : ce qui arrive à ces pitoyables héros pourrait arriver aux enfants de n'importe qui.
« J'ai essayé de les regarder librement, chaleureusement, sans aucun a priori ni parti pris, comme les policiers de L. 627. Je voulais qu'on soit proche d'eux, qu'on comprenne leurs sentiments. Il fallait montrer leurs côtés touchants comme leur terrifiante inconscience. Leur fragilité et leur vide intérieur. Ce “désert d'âme” dont parle Claudel ne peut jamais les excuser, mais il fallait dépasser les critères de sympathie ou d'antipathie. Je voulais éviter le constat et le plaidoyer. Et surtout ne pas ramener le film à une explication psychologique ; certaines choses sont du domaine de l'insondable et il faut s'avoir s'arrêter, fermer une porte, supposer. » (Bertrand Tavernier)
L’Appât
France, 1995, 1h55, couleurs, format 1.85
Réalisation Bertrand Tavernier
Scénario Bertrand Tavernier, Colo Tavernier O'Hagan d’après le roman éponyme de Morgan Sportès
Photo Alain Choquart
Musique Philippe Haïm ; Peter Gabriel, Edwyn Collins, Lenny Kravitz…
Montage Luce Grunenwaldt
Décors Émile Ghigo
Costumes Marpessa Djian
Production Frédéric Bourboulon, René Cleitman, Little Bear, Canal+, M6 Films, Hachette Première, France 2 Cinéma
Interprètes Marie Gillain (Nathalie), Olivier Sitruk (Éric), Bruno Putzulu (Bruno), Richard Berry (Alain), Philippe Duclos (Antoine), Marie Ravel (Karine), Clotilde Courau (Patricia), Christophe Odent (Laurent), Laurent Arnal (Vincent), François Berléand (l’inspecteur Durieux), Jean-Paul Comart (Michel), Jeanne Goupil (la mère de Nathalie), Philippe Héliès (Pierre), Daniel Russo (Jean-Pierre), Isabelle Sadoyan (la grand-mère d'Éric), Alain Sarde (Philippe)
Présentation à la Berlinale février 1995
Sortie en France 8 mars 1995
Restauration inédite Media Wan
Distributeur : Tamasa
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