Impitoyable

Célébrations :  Clint Eastwood - Grandes projections

Kansas, années 1880. William Munny (Clint Eastwood) fut jadis un tueur impitoyable, un des hors-la-loi les plus redoutés du vieil Ouest. Mais depuis onze ans, il a raccroché les armes et est devenu un paisible fermier ; père de deux jeunes enfants, il s’est engagé devant leur mère — récemment disparue — à fuir toute violence. Un jour, il reçoit la visite de Schofield Kid (Jaimz Woolvett) qui lui propose de faire équipe avec lui afin de venger une prostituée sauvagement tailladée au rasoir et toucher ainsi une récompense de 1 000 dollars.

Dès sa sortie, Impitoyable est un immense succès et rafle toutes les récompenses, dont quatre Oscars (film, réalisateur, acteur dans un second rôle, montage) et quatre Golden Globes (film dramatique, réalisateur, acteur dans un second rôle, scénario).

Dédié à Sergio Leone, qui avait révélé Eastwood, et à Don Siegel, véritable mentor de l’acteur qui lui a permis de renaître après sa période italienne, Impitoyable démythifie les légendes de l’Ouest, dévoile la vérité sur la violence constante qui régnait à cette époque. « Rendant hommage aux grands maîtres du western, de John Ford à Anthony Mann, Eastwood dépouille le genre de sa superbe en révélant l’horreur qu’il a œuvré, un siècle durant, à sublimer. » (Isabelle Regnier, Le Monde, 23 juin 2017)

Davantage film noir que western, Impitoyable est sombre, brutal et comporte peu de scènes d’action ; cynique et pessimiste, le film s’affiche comme un adieu au genre. Loin des personnages manichéens propres au western classique, William Munny est ambigu et oscille entre le désir de rédemption, né de la rencontre avec sa défunte épouse, et la facilité d’une violence qu’il a toujours connue et qui a fait sa réputation. Plus qu’une histoire de vengeance et de récompense, c’est l’histoire d’un homme qui est racontée : celui qui fut un tueur impitoyable peine désormais à monter à cheval et rate ses tirs. « Eastwood traîne les légendes de l’Ouest conquérant là où son personnage retombe avec insistance : dans la boue, cabossé à coups de pied et de crosses. Ce n’est définitivement plus une histoire de conquêtes des frontières utopiques, mais la prise de conscience que ces frontières ont des limites : les limites qu’Eastwood se fixe dans ses descriptions d’une violence quotidienne, son message personnel que l’on pourra considérer comme un apport politique de circonstance et qui semble trouver, aux États-Unis, un très large écho. » (Philippe Vecchi, Libération, 9 septembre 1992)