Huit et demi

Grands classiques du noir et blanc

Guido Anselmi (Marcello Mastroianni), réalisateur, ne parvient pas à terminer son film. Dans la station thermale où il s'est isolé, son épouse Louisa (Anouk Aimée), sa maîtresse Carla (Sandra Milo), ses amis, ses acteurs, ses collaborateurs et son producteur viennent lui rendre visite, pour qu'enfin soit achevé ce film. Mais au lieu de travailler, il se réfugie dans de longs rêves ; il y rencontre son père (Annibale Ninchi), sa mère (Giuditta Rissone), et la belle Claudia (Claudia Cardinale).

Alors qu’il commence le tournage de Huit et demi, Federico Fellini est victime du "syndrome de la page blanche", un blocage créatif total. On lui pose des questions auxquelles il est incapable de répondre sur le scénario, les décors, la mise en scène. Il écrit alors une lettre à son producteur pour lui annoncer qu’il est impossible pour lui de réaliser le film, puis il se ravise : le héros de son film sera un metteur en scène qui ne parvient pas à trouver l’inspiration.

Le titre est un écho de la carrière de Fellini : jusque-là, il a réalisé sept longs métrages, dont un film en coréalisation, deux courts et un sketch – les trois derniers étant considérés comme des "demi-films" pour le cinéaste.

« On a écrit que Huit et demi était un film autobiographique. Je suis toujours autobiographique, même si je me mets à raconter la vie d’un poisson, d’une sole par exemple ! Et cependant, je suis à même de déclarer que ce film est une œuvre de fantaisie. […] Ceci semblera sans doute une prétention puérile, mais je voudrais que les gens aillent voir ce film sans idées préconçues : j’ai raconté une fable et il n’y a rien à comprendre au-delà de ce que l’on voit. » (Federico Fellini)

Entre rêve et réalité, le cinéaste met ici en scène sa propre angoisse face à la création, mais aussi ses rêves, ses fantasmes, ses souvenirs. De ces tourments naît un monument, fruit d’une réflexion sur le cinéma et la place de l’auteur. Le film déchaîna les passions : on insulta le réalisateur, au prétexte d’une œuvre incompréhensible et autocentrée, mais on cria également au génie.

« Les metteurs en scène qui ont été plus ou moins acteurs, les acteurs qui ont fréquenté le cirque, les cinéastes qui ont été scénaristes, ceux qui savent dessiner, ont généralement quelque chose "en plus". Fellini a fait l’acteur, le scénariste, l’homme de cirque, le dessinateur. Son film est complet, simple, beau, honnête, comme celui que veut tourner Guido dans Huit et demi. » (François Truffaut, Les Films de ma vie, Flammarion)