Une nuit d’orage, alors qu’il quitte son amie Alice (Jeanne Moreau), Jean Chape (Jean Gabin), camionneur, renverse – ou croit renverser – un homme. La police découvre que la victime, un gangster connu, n’a pas été écrasée mais assassinée. Alors qu’il reprend son activité, Chape est bientôt rattrapé par quatre hommes, à la recherche d’un butin de cinquante millions, disparu après le meurtre.
Adapté de la Série Noire Du raisin dans le gaz-oil de Georges Bayle, le film de Grangier est devenu Gas-oil, éliminant le mot « raisin », « sang » en argot. Le titre ne laisse que peu entrevoir la noirceur d’un film au carrefour de différents genres : gangsters, policier, mais aussi sentimental, voire documentaire. En effet, Gilles Grangier dresse une peinture réaliste d’un milieu rarement décrit par le cinéma français et dont Jean Gabin se fait le magnifique emblème, au volant de son douze tonnes.
Le film connaît un très bel accueil du public et notamment des routiers. La première a lieu à la salle Pleyel, devant les chauffeurs et au bénéfice des œuvres sociales de leur fédération. Ainsi, un certain M. Vivière, ancien routier, déclare : « Impression générale très bonne. C’est la vie des gens moyens, vous savez, on se reconnaît un peu dans ces choses-là. Il y a une scène qui est très bien, la scène du repas où on dégrafe la ceinture, où on en a un petit coup dans les carreaux. Tout va très bien. Et puis alors les réparties sont très bien ». (Libération, 14 novembre 1955)
Gas-oil marque la toute première collaboration entre Gilles Grangier et Michel Audiard, mais aussi la rencontre entre Jean Gabin et le célèbre dialoguiste. « C’est moi qui ai amené Audiard à Gabin. […] Audiard avait autant de mauvaise foi que lui, alors ça promettait de beaux combats. J’ai dit à Michel : “Il va le faire, mais il rechigne ; essayons de le faire dans la joie. Tu devrais prendre une scène et la dialoguer.” C’est ce qu’il a fait. Je la donne à lire au Vieux, sans lui dire de qui c’est. Une vraie machination. Le lendemain, Gabin me dit : “Dis donc, c’est un cadeau, ton mec !”. On les a fait se rencontrer. Dans un bistrot, forcément. » (Gilles Grangier, Passé la Loire, c’est l’aventure - 50 ans de cinéma. Entretiens avec François Guérif, Actes Sud / Institut Lumière).
Gas-oil
1955, France, 1h33, noir et blanc, format 1.37
Réalisation Gilles Grangier
Scénario Gilles Grangier, Jacques Deray, d’après le roman Du raisin dans le gaz-oil de Georges Bayle
Dialogues Michel Audiard
Photo Pierre Montazel
Musique Henri Crolla
Montage Jacqueline Thiédot
Décors Jacques Colombier
Production Jean-Paul Guibert, Intermondia Films
Interprètes Jean Gabin (Jean Chape), Jeanne Moreau (Alice), Ginette Leclerc (Madame Scoppo), Camille Guérini (Lucien Ragondin), Albert Dinan (Émile Serin), Marcel Bozzuffi (Pierrot), Robert Dalban (Félix), Roger Hanin (René Schwob), Gaby Basset (Camille Serin), Henri Crémieux (le juge d'instruction)
Sortie en France : 9 novembre 1955
Restauration inédite 4K TF1 Studios.
Distributeur : Les Acacias
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