Jerry Warriner (Cary Grant) et sa femme Lucy (Irene Dunne) forment le couple le plus mal assorti qui soit. Un jour, Jerry annonce à son épouse qu’il part en voyage d’affaires en Floride – petit mensonge pour dissimuler quelques jours en joyeuse compagnie. À son retour, il voit Lucy rentrer à la maison avec un séduisant professeur de chant. D’excuses en explications farfelues, une dispute éclate et le couple décide de divorcer.
« Leo McCarey était de tous les metteurs en scène de Hollywood celui qui comprenait le mieux les gens. » (Jean Renoir, cité par Stanley Cavell, À la recherche du bonheur, Cahiers du cinéma)
Cette sacrée vérité est un modèle indépassable de ce genre que l’écrivain et philosophe Stanley Cavell a baptisé la « comédie du remariage ». Jerry et Lucy ont quatre-vingt-dix jours avant que le divorce prononcé ne soit effectif : largement le temps de multiplier les conquêtes (un rancher de l’Oklahoma pour elle, une riche héritière pour lui), de mettre l’autre à l’épreuve, une bonne fois pour toutes. Pour autant, faisant le point sur ce mariage finissant, Lucy confesse à sa délicieuse tante : « On s’est payé de superbes fous-rires ». Finalement, qui d’autre que Jerry peut lui déclencher ce rire qu’elle est incapable de retenir ?
Dans ce chassé-croisé amoureux, les retournements de situations sont permanents. Dès la scène d’ouverture, le spectateur est dans le bain : aucune entrée en matière, pas d’installation des personnages ; McCarey, sûr de ses héros farfelus, un brin lunaires, a confiance en l’intelligence de son spectateur. De petits arrangements avec la vérité en gros malentendus, Cette sacrée vérité virevolte. Les comédiens, des premiers rôles (magnifiques Irene Dunne et Cary Grant) aux seconds, composent avec précision un véritable ballet. Dialogues très rythmés, situations funambulesques et ce chien, Mr. Smith, dont on s’arrache la garde : pas de doute, nous sommes bien dans une screwball comedy, et parmi les plus réussies.
« En radicalisant de la sorte l’utilisation de tous les ressorts de l’intrigue comique, en pratiquant cette exquise et unique synthèse des différents registres de comédie, McCarey s’offre un redoutable pied de nez à toutes les conventions morales et sociales, qu’il retourne comme un gant, avec un sens de l’absurde qui confine à l’abstraction réflexive. » (Youri Deschamps, Positif n°448, juin 1998)
Cette sacrée vérité (The Awful Truth)
États-Unis, 1937, 1h31, noir et blanc, format 1.37
Réalisation Leo McCarey
Scénario Viña Delmar, d’après la pièce The Awful Truth d’Arthur Richman
Photo Joseph Walker
Musique George Parrish
Montage Al Clark
Direction artistique Lionel Banks, Stephen Goosson
Décors Babs Johnstone
Costumes Robert Kalloch
Production Leo McCarey, Columbia Pictures
Interprètes Irene Dunne (Lucy Warriner), Cary Grant (Jerry Warriner), Ralph Bellamy (Daniel Leeson), Alexander d'Arcy (Armand Duvalle), Cecil Cunningham (la tante Patsy), Molly Lamont (Barbara Vance), Esther Dale (Mrs. Leeson), Joyce Compton (Dixie Belle Lee), Robert Allen (Frank Randall), Robert Warwick (Mr. Vance), Mary Forbes (Mrs. Vance)
Sortie aux États-Unis : 21 octobre 1937
Sortie en France : 22 décembre 1937
DCP VOSTF restauré fabriqué spécialement pour le festival par Wild Side, dans le cadre de la sortie en 2022 d’un beau coffret Blu-ray.
Restauration inédite.
Distributeur : Park Circus
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