Casanova (Ivan Mosjoukine) mène grand train dans la cité des Doges. Débauché choyé par les femmes, poursuivi par ses créanciers, il finit par s’attirer la foudre des maris qui conspirent auprès du Conseil des Dix pour le faire arrêter et condamner. Casanova choisit la fuite, et gagne la Russie via l’Autriche. Il s’introduit à la cour du tsar Paul III sous l’identité d’un modiste français, devient un familier de la Grande Catherine (Suzanne Bianchetti) et assiste à sa prise de pouvoir contre son époux. Mais son démon des femmes entraîne sa disgrâce auprès de la nouvelle tsarine…
Des « yeux clairs, à l’éclat et à la fixité absolument singuliers, qui, du fond de l’écran, s’ouvraient sur vous comme les voies d’accès d’un monde inconcevable et troublant » (Nino Frank, Pour vous n°532, 25 janvier 1939) pour un homme aux mille visages. Ivan Mosjoukine, alors au sommet de sa carrière, incarne pour Alexandre Volkoff la figure mythique de Casanova, un des rôles de sa vie. D’abord acteur de théâtre, il passe au cinéma dès 1911 et apparaît dans une centaine de films, dirigés par les réalisateurs russes les plus renommés, Evgueni Bauer ou Jacob Protazanov, avant de fuir la révolution bolchévique.
Arrivé en France avec les émigrés russes de la compagnie Ermolieff, il devient, à partir de 1920, la star du studio Albatros, « l’école russe de Montreuil », admirée pour sa créativité et sa grande modernité. Il tourne avec les cinéastes russes exilés, Protazanov, Victor Tourjanski et Alexandre Volkoff, mais également avec Jean Epstein (Le Lion des Mogols, 1924) et Marcel L’Herbier (Feu Mathias Pascal, 1925), tout en réalisant lui-même deux films, L’Enfant du carnaval (1921) et Le Brasier ardent (1923). Quelques mois avant d’incarner Casanova, il est Michel Strogoff pour Tourjansky.
Casanova est un exemple emblématique de « superproduction à la française », illustrant la perfection technique et artistique atteinte par le cinéma muet dans ses ultimes années. Le grand Alexandre Volkoff, auteur de La Maison du mystère (1923) et de Kean (1924), assistant d’Abel Gance pour Napoléon, choisit comme chef-opérateur Léonce-Henri Burel, un des meilleurs de l’époque. En résulte une fresque éblouissante aux décors somptueux, entre des extérieurs tournés à Grenoble et Strasbourg et la scène-phare du carnaval de Venise, coloriée au pochoir. Amour, suspense et multiples rebondissements pour un film entre vaudeville, satire et commedia dell’arte.
« Pour une fois, voici un film dont la mise en scène répond à une nécessité flagrante. Un film dont l’envergure est mieux qu’une hypertrophie semblable à celle de tant d’œuvres inférieures […]. Casanova, film à grande mise en scène, ne l’est pas uniquement pour flatter certains goûts du public, mais par besoin esthétique ; cette ampleur n’étant pas voulue pour elle-même, mais constituant l’état normal de l’œuvre, mettant en relief le caractère du héros et l’expliquant par le caractère fastueux de l’ensemble, celui-là même de l’époque. La « mise en scène » [est ici] une constante qui est l’épanouissement de l’œuvre elle-même. » (Jean Mitry, Photo-ciné n°7, août 1927)
Casanova est présenté dans une restauration HD réalisée par la Cinémathèque française et projetée pour la première fois simultanément au festival Lumière et au Festival du film muet de Pordenone (Italie), sur une nouvelle partition orchestrale de Günter Buchwald.
Avec le soutien de la
Casanova
France, 1927, 2h39, noir et blanc, format 1.33
Réalisation Alexandre Volkoff
Direction artistique Noe Bloch
Assistants réalisation Anatole Litvak, Georges Lampin
Scénario Alexandre Volkoff, Norbert Falk, Ivan Mosjoukine
Photo Nicolas Toporkoff, Fédote Bourgassoff, Léonce-Henri Burel
Décors Alexandre Lochakoff, Edouard Gosch, Vladimir Meingart
Costumes Boris Bilinsky
Production Noë Bloch, Gregor Rabinovitch, Ciné-Alliance, Société des Cinéromans
Interprètes Ivan Mosjoukine (Casanova), Diana Karenne (Maria Mari), Suzanne Bianchetti (Catherine II), Jenny Jugo (Thérèse), Rina De Liguoro (Corticelli), Nina Kochitz (la comtesse Vorontzoff), Olga Day (la baronne Stanhope), Rudolf Klein-Rogge (Pierre III), Paul Guidé (le prince Orloff), et une apparition de Michel Simon (le premier garde)
Sortie en France : 13 septembre 1927
En copie restaurée par La Cinémathèque française, le film sera accompagnée par l’Orchestre national de Lyon, dirigé par le compositeur Günter Buchwald.
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