Champion de Formule 1, Bobby Deerfield (Al Pacino) ne prend jamais de risques, ni sur les circuits ni dans la vie. Alors qu’il rend visite, dans une clinique suisse, à un collègue accidenté, il rencontre une étrange jeune femme, Lilian (Marthe Keller). Elle semble ne vivre que la minute présente, parle, interroge et bouscule le pilote dans ses certitudes.
Sydney Pollack déclarait à propos de Bobby Deerfield qu’il s’agissait sans doute de l’un de ses films les plus personnels, un pied de chaque côté de l’Atlantique, lui qui se sentait beaucoup d’affinités avec le vieux continent : « Je voulais réaliser une œuvre complètement américaine, tout en établissant un rapport organique avec l’Europe. C’était au fond un dialogue intime entre deux parties de moi-même. » (Positif n°229, avril 1980)
Bobby Deerfield a toute sa place dans la filmographie du cinéaste. Ce mélodrame assumé est aussi le récit d’une vie gangrénée par une routine trop calibrée. Deerfield est un homme réfléchi, froid, coupé de ses émotions. Agissant comme un robot, il voit sa vie perdre de sa saveur, sans vraiment sans rendre compte. Sa rencontre avec Lilian dépasse ce qu’il connaît : c’est elle, pourtant malade, qui lui réapprend à vivre.
Comme à son habitude, Sydney Pollack dessine ses personnages avec subtilité : ils sont meurtris, abîmés, et oscillent sans cesse entre désir et angoisse. Al Pacino prête son jeu tout en understatement à un Deerfield impassible. Traversé par une véritable crise d’identité, celui-ci, personnage pollackien par excellence, ne peut échapper à un retour aux sources.
« On reconnaît le goût de Pollack pour le non-dit, son aversion pour les élucidations psychologiques didactiques : en créant une situation qui empêche la discussion par les personnages eux-mêmes des principaux thèmes du film, il se pose le défi de trouver d’autres manières de les exprimer. Ce sera, essentiellement, à travers des gestes indirectement révélateurs, des comportements étranges, excentriques. » (Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon, 50 ans de cinéma américain, Omnibus) Pour Deerfield, hors de la norme, la vie, enfin.
Bobby Deerfield
Etats-Unis, 1977, 2h04, couleur (Metrocolor), format 2.35
Scénario Alvin Sargent, d’après le roman Le ciel n'a pas de préférés d’Erich Maria Remarque
Photo Henri Decaë
Musique Dave Grusin
Montage Fredric Steinkamp
Décors Stephen B. Grimes, Gabriel Bechir
Costumes Bernie Pollack, Annalisa Nasalli Rocca
Production Sydney Pollack, First Artists Productions, Columbia Pictures, Warner Bros.
Interprètes Al Pacino (Bobby Deerfield), Marthe Keller (Lillian Morelli), Anny Duperey (Lydia), Walter McGinn (Leonard Deerfield), Gérard Hernandez (Carlos del Montanaro), Stephan Meldegg (Karl Holtzmann), Romolo Valli (l'oncle Luigi), Jaime Sánchez (Delvecchio)
Présentation au Festival de Deauville : septembre 1977
Sortie aux États-Unis : octobre 1977
Sortie en France : 16 novembre 1977
Copie 35mm
Distriuteur : Warner bros.
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