Audition

Ressorties Événements - Horror

Shigeharu Aoyama (Ryo Ishibashi) vit seul avec son fils depuis le décès de sa femme. Il décide de se remarier. Sur les conseils de Yasuhisa Yoshikawa (Jun Kunimura), un ami producteur, il organise un casting pour une série fictive afin de trouver la perle rare. Bientôt, il tombe amoureux d'Asami Yamazaki (Eihi Shiina) et demande à la revoir. Mais Yasuhisa a des doutes sur la jeune femme ; il fait donc des recherches et découvre que plusieurs personnes qu'elle a connues ont mystérieusement disparues...

Audition est le premier film de Takashi Miike distribué en France, en 2002, alors que le cinéaste avait déjà réalisé plus d’une vingtaine de films depuis 1991. Ceux-ci sortaient pour la plupart directement en vidéo, définition du V-Cinema pour les Japonais. Takashi Miike pouvait ainsi travailler très rapidement, et multiplier les films en expérimentant constamment, même avec de petits budgets. Considéré au Japon comme un cinéaste incontrôlable et marginal, il teste sans cesse la résistance du spectateur, cherchant à être le plus réaliste possible dans les atrocités qu’il met en scène.

Avec Audition, le réalisateur repousse les limites de l’horreur et propose un film particulièrement éprouvant. De nombreux critiques affirmeront que la scène finale est l'une des plus insoutenables jamais montrées à l’écran. « Il faut essayer de reproduire cet état d’excitation mêlée d’aversion qui m’amène, quand je filme la souffrance, à aller à la limite du supportable. Il n’est pas question de morale ou de ce que peut supporter un spectateur. La limite, c’est moi, et les membres de l’équipe. » (Takashi Miike, Libération, 6 mars 2002)

Critique d’une redoutable société où nous ne communiquons que superficiellement, où les comportements sont normés et où l’on tait ses instincts, Audition mêle terreur et érotisme, sadisme et séduction ; on passe du mélodrame à la comédie romantique, puis au thriller psychologique, et enfin au pur film d'horreur. « L'intrusion d'un fantastique contemporain, construit sur une forme d'étrangeté familière et horrible à la fois, s'affirme depuis quelques années dans quelques productions connaissant une sortie en Occident (la série des Ring de Hideo Nakata). Il faudra désormais y ajouter Audition, de Takashi Miike, pour retrouver cette manière de mettre à nu, derrière la façade de relations humaines pacifiées et d'une rationalisation extrême des comportements, la part obscure de la névrose et de la barbarie. » (Jean-François Rauger, Le Monde, 6 mars 2002)