Courtisée à la fois par des amis de sa famille et ses camarades étudiants, Ariane (Elisabeth Bergner) est demeurée insensible à leur charme. Jusqu'au jour où, faisant la connaissance d’un homme recherchant plus le plaisir que l’amour, elle se crée, dans l’espoir de le séduire, un personnage de jeune fille libre et volage.
Violoniste prodige dès son enfance, Paul Czinner passe par la musique, puis par la production et la mise en scène théâtrale, avant de devenir cinéaste en 1919. Son œuvre muette est marquée par l'influence du Kammerspiel, terme allemand signifiant "théâtre, jeu de chambre". Dans les années 20, on l’utilise pour qualifier les films appartenant au courant du réalisme expressionniste. Le Kammerspielfilm respecte la règle des trois unités (temps, lieu, action), créant ainsi une atmosphère intimiste, centrée sur l’analyse psychologique des personnages.
Dans les années 30, alors que les productions multi-versions sont en vogue, Paul Czinner se plie à l’exercice et réalise son premier film parlant. Adapté du roman de Claude Anet, Ariane connaîtra trois versions, toutes réalisées par Czinner : allemande et anglaise (avec Elisabeth Bergner), puis française (avec Gaby Morlay).
En 1935, le cinéaste évoquait dans la presse française celle qui fut par deux fois Ariane, son épouse, la comédienne Elisabeth Bergner, qu’il appelait simplement « Bergner », avec affection et respect. « J’ai connu Bergner alors que j’étais metteur en scène à la UFA. Elle sortait à peine de l’adolescence et déjà sa réputation au théâtre était énorme. Du jour même où je la connus, je n’eus plus qu’une ambition : pouvoir la diriger dans des films. J’étais fasciné par sa technique extraordinaire, remarquable de force, de puissance, d’habileté. Sans me lasser, je la priais d’accepter de jouer au studio ; elle persistait dans son refus. » (Pour Vous n°357, 19 Septembre 1935) En effet, pour la comédienne, l’idée de tourner une scène un jour, une autre le lendemain, sans forcément de chronologie, la déstabilisait. Mais à force de persuasion, Paul Czinner la convainc des possibilités du cinéma. C’est le début d’une longue collaboration entre le cinéaste et sa muse, bientôt mari et femme. Entre 1924 et 1932, il tourne avec elle huit films en Allemagne. Ils quittent le pays en 1933, et poursuivront leur carrière en Angleterre – cinq autres films entre jusqu’en 1939, dont leur plus grand succès, Catherine the Great (1934). « Bergner m’a souvent dit que c’était mon admiration, ma confiance en elle qui lui avaient permis à son tour d’avoir confiance et de se risquer. […] Je me considère comme bien heureux d’avoir gagné la confiance d’un être d’une réceptivité, d’une émotivité si exceptionnelles. » (art. cit.) .
Ariane
Allemagne, 1931, 1h26, noir et blanc, format 1.20
Réalisation Paul Czinner
Scénario Paul Czinner, Carl Mayer d’après le roman éponyme de Claude Anet
Dialogues Adolf Schlasy
Photo Jules Krüger
Musique André Roubaud ; Wolfgang Amadeus Mozart, Richard Strauss
Costumes Joe Strassner
Production Nero-Film AG
Interprètes Elisabeth Bergner (Ariane Kusnetzowa), Rudolf Forster (Konstantin Michael), Annemarie Steinsieck (Tante Warwara), Hertha Guthmar (Olga), Theodor Loos (le docteur Hans Adameit), Nikolas Wassiljeff (l’étudiant), Alfred Gerasch (le docteur)
Sortie en Allemagne 20 février 1931
Restauration 2K faites à partir de deux copies nitrate de la Cinémathèque Suisse et menées par la Deutsche Kinemathek, Berlin, avec le soutien du FFA’s “Förderprogramm Filmerbe.”
Restauration inédite.
Distributeur : Tamasa
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