Posté le 09.10.2021
Commencer le Festival Lumière 2021 par du rire, de l’émotion, et une réflexion ludique sur la puissance du cinéma : quelle merveilleuse idée !
Voilà le programme, costaud mais aérien comme le corps de l’acteur acrobate, du génial dernier film muet de et avec Buster Keaton (coréalisé par Edward Sedgwick), Le Caméraman (1928), ce soir au cœur d’une création musicale de Vincent Delerm, point d’orgue de la traditionnelle ouverture et de son parterre de stars. Il s’agit, au fond, d’une comédie romantique : un jeune homme désargenté – forcément – tombe sous le charme d’une jeune femme, sublime « flapper » des années folles.
Elle travaille aux actualités de la MGM, et notre héros n’a de cesse de devenir opérateur, emprisonnant le fracas du monde dans le magasin de sa caméra. Évidemment, ça commence mal, avec force catastrophes, bris de vitre, et cascades telles que les aimait l’immense Keaton – accroché tant bien que mal au marchepied d’un bus ou d’un voiture (lire sur son élasticité légendaire le magnifique Garçon incassable, de Florence Seyvos). Mais il y a plus que cela dans cette géniale comédie (et son inénarrable scène de piscine) : opérateur maladroit, le héros accouche d’images surréalistes qui ne dépareraient pas le cinéma expérimental de l’époque ; et c’est via la caméra, qui enregistre le réel, que la vérité des faits éclate en fin de film – et tant pis si c’est un singe qui a tourné la manivelle… Contre les « fake news », votez Buster Keaton !
A. F.
Samedi 9 octobre à 18h à la Halle Tony Garnier