La trilogie Infernal Affairs


Posté le 04.10.2021 à 9h26


 

Petit quiz instantané : citez le film asiatique qui a permis, enfin, à Martin Scorsese de décrocher son seul Oscar comme meilleur réalisateur ? Réponse : la trilogie Infernal Affairs (2002-2003), d’Andrew Lau et Alan Mak, dont « Marty » a tourné un remake américain, Les Infiltrés (2007)… Comme le soulignait avec ironie Alan Mak, coscénariste et coréalisateur, dont le nom n’avait même pas été cité le soir de la cérémonie : « Le film de Scorsese est si proche de l’original que j’ai cru qu’ils refaisaient tout simplement Infernal Affairs – et dans ce cas, bien sûr c’est comme si Infernal Affairs avait remporté l’Oscar… »

Retour aux sources : au début des années 2000, le cinéma de Hong-Kong ne va pas très fort, la rétrocession de 1997 a vu arriver de nombreux « continentaux » fortunés qui, avides de divertissement mondialisé, se détournent du cinéma local. Un film, ou plutôt trois, vont inverser la donne. C’est après avoir vu Volte-face, de John Woo, qu’Alan Mak a eu l’idée d’un polar sur le vertige des identités : un flic infiltré dans les triades – les gangs locaux –, le cinéma hong-kongais l’a déjà fait, mais doubler le problème en lui associant un gangster infiltré chez les flics, on ne l’a jamais vu.

Avec le chef op Andrew Lau, connu pour son expertise technique, à la coréalisation (et à l’image), Infernal Affairs est un projet haut-de-gamme : ainsi, le scénario est-il entièrement écrit avant le tournage, ce qui, dans le cinéma de genre à Hong-Kong, n’est pas si fréquent… Et le casting regorge de stars, en premier lieu Tony Leung dans le rôle de l’apprenti-flic que ses supérieurs ont obligé à rejoindre la pègre pour mieux espionner ses agissements ; face à lui, Andy Lau (rien à voir avec le réalisateur) dans celui du gangster devenu policier – et chargé de débusquer la « taupe » infiltrée, c’est-à-dire d’enquêter sur lui-même... Deux hommes condamnés à des rôles qu’ils n’ont pas eu le choix d’endosser, et qui sont tous les deux prisonniers de « l’enfer continu », concept bouddhiste repris par le titre original. Mais aussi deux acteurs ultra-glamour, produit de l’incomparable star-system hong-kongais de l’époque.

A l’automne 2002, le succès d’Infernal Affairs a enclenché la mise en production de deux « suites » astucieuses, sorties un an plus tard, qui donnent à la saga une grande cohérence narrative et thématique : l’opus n°2 raconte les jeunes années des deux héros et offre un portrait saisissant de Hong-Kong sur le point de revenir dans le giron de la Chine populaire ; tandis que le n°3 multiplie en virtuose les allers et retours temporels pour dire l’égarement progressif des personnages. Car, dans ces polars énergiques, avec poursuites et fusillades stylées, les individus sont des pions perdus au milieu des buildings de verres de la péninsule hongkongaise…


Infernal Affairs d’Andrew Lau et Alan Mak (Mou gaan dou, 2002, 1h41, int – 12 ans)

Infernal Affairs II d’Andrew Lau et Alan Mak (Mou gaan dou II, 2003, 1h59, int – 12 ans)

Infernal Affairs III d’Andrew Lau et Alan Mak (Mou gaan dou III: Jung gik mou gaan, 2003, 1h57, int – 12 ans)

 

 

 

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