Dernières chances

3 Grangier pour la route


Posté le 17.10.2021


 

 

Ces trois films-là, vous ne les verrez pas de sitôt sur grand écran ! Ultime étape du voyage au pays de Gilles Grangier, grand cinéaste populaire.

 

Maigret voit rouge

Grangier se plaignait que Delannoy ait pris les meilleurs romans à adapter (…tend un piège, L’Affaire Saint-Fiacre) mais il n’a pas à rougir de ce qu’il a fait de Maigret, Lognon et les gangsters, où Simenon confronte son inspecteur fétiche à des malfrats américains, un peu plus coriaces que les fripouilles françaises. D’ailleurs Maigret/Gabin est obligé de brandir un pistolet – lui qui préfère un calva au zinc d’un bistro parisien. Adaptation fidèle, avec de bonnes scènes dans un resto italo-américain du 8ème arrondissement, et une toute jeune Françoise Fabian en fille pas si fatale que ça. Les « boomers » nostalgiques retrouveront avec plaisir Edward Meeks, l’un des héros du feuilleton Les Globe-trotters, tandis qu’Armontel est génial en médecin célinien.

 

MAIGRET-VOIT-ROUGEJean Gabin voit rouge, Maigret aussi 
© DR

 

Maigret voit rouge (1963, 1h27)
Lumière Terreaux di17 14h30
Copie inédite restaurée en 4K pour Studiocanal au laboratoire VDM.

 

 


Gas-oil

L’un des meilleurs Grangier. Gabin, en camionneur modèle, sillonne les routes d’Auvergne et se retrouve poursuivi par des malfrats en quête d’un magot qu’il n’a pas. Ça crée plein d’embrouilles… Le cinéaste réussit – avec l’aide pour la première fois de Michel Audiard – la peinture des « gens de peu », rendez-vous au relais routier, et déjeuners trop arrosés sous la tonnelle. Jeanne Moreau fait le lien avec un cinéma plus moderne, parfaite dans le rôle de l’instit’ que Gabin aime en douce, sachant que tout se sait, dans le petit village. Et le final a des airs de western motorisé, montrant que les routiers peuvent ne pas être sympas, quand on les cherche…

 

Gas-oil-import

 Jean et Jeanne cassent la graine
© DR


Gas-oil
(1955, 1h33)UGC Ciné Cité Confluence di17 11h
Restauration inédite 4K TF1 Studios.

 

 


Train d’enfer

Jean Marais vieillissant brise (faux) verre et bois (de balsa) à gogo dans des cascades pif paf pouf réglées par Claude Carliez. Il travaille pour la DST et surveille activement des malfrats installés à la frontière franco-espagnole, dont la pin-up Marisa Mell (des faux airs de Clara Luciani). Le choix des comédiens tire le film vers les séries B germano-espagno-italiennes de l’époque, au kitsch délicieux, ce que confirme une réplique de l’acteur allemand Gérard Tichy, familier du (sous-)genre. Constatant que le peintre célèbre qui couvrait la bande les a trahis, il lance : « J’ai toujours pensé que c’était un artiste décadent !». Ce sont donc des néo-nazis ! Auront-ils la peau du Capitan ? Grangier répond à cette question avec les moyens du bord, un Eastmancolor chatoyant, mais un Techniscope qui écrase un peu les proportions en bord d’écran. Du cinéma de dimanche après-midi.

 

grangier

Marisa Mell et Jean Marais
© DR


Train d’enfer
(1965, 1h32) Restauration inédite 4K TF1 Studios.

UGC Astoria di17 14h30

Aurélien Ferenczi

 

Catégories : Lecture Zen