Posté le 12.10.2021
Huit et demi et plus généralement les films de Federico Fellini pourraient être au cinéma ce qu'A la recherche du temps perdu de Marcel Proust est à la littérature, à savoir la description, fantastiquement subjective, menée par un narrateur, d'une société qui mute en permanence entre extrême élégance et abrupte trivialité.
Réalisé en 1963, juste après le sidérant La Dolce Vita, Huit et demi est une parade imaginée par le bien nommé Guido, cinéaste aux cheveux vieillissants incarné par Marcello Mastroianni et double du maestro. L'aérien comédien italien n'en finit pas d'avoir le nez en l'air, pour humer le temps qui passe, trouver l'inspiration qu'il a en panne, et fuir l'air de rien les femmes-créatures dont pourtant il ne peut se passer.
Huit et demi, 1963
À la fois passif et actif, Guido aspire à la légèreté extrême, au point de s'envoler lui-même, rêver de réaliser le film ultime, celui qui sortirait directement de sa tête et s'incarnerait sans qu'il ait besoin de parler. Fellini procède par surgissements visuels et sonores flamboyants, sans logique apparente, d'où le temps est aboli. Les souvenirs d'enfance bousculent les fantasmes cruels et les rappels à l'ordre du présent. L'égotisme du héros fait bon ménage avec les requêtes plus ou moins plaintives, et souvent justifiées, des autres personnages, entre collaborateurs débordés et femmes plus ou moins délaissées. Fellini les réunit tous dans un mélange de mélancolie teintée de grotesque et d'immense joie. Afin de ne pas sentir le poids de son corps, il pousse tout le monde à s'amuser, en attendant...
Virginie Apiou
Séances :
Huit et demi de Federico Fellini (8 ½, 1963, 2h13)
UGC Astoria ma12 16h | Pathé Bellecour me13 16h | Comoedia di17 16h45