Conversation

« Mes sujets me choisissent »


Posté le 16.10.2021


 

Première femme à décrocher les Palmes d’or du court métrage et du long métrage, première réalisatrice à présider le Jury de Cannes : Jane Campion est l’artiste des premières fois. Morceaux choisis d’une vibrante conversation avec le public lyonnais  

 

Cinéaste ou rien

Faire des films était la seule chose que je voulais faire, d’ailleurs mes amis en avaient assez, je ne parlais que de cinéma, je pensais film, je rêvais film, et c’était une obsession heureuse.

 

Études

Je suis entrée à l’école de cinéma à 27 ans, tout le monde voulait faire ça et ce fut une expérience d’humilité totale. Etudiante, la seule chose qui me faisait peur, c’était de ne pas essayer. Je suis passée du désir à l’action du cinéma. Quand vous voulez vraiment faire quelque chose, vous essayez dans tous les sens, vous vous en fichez de vous planter, vous vous dites : j’apprends.

J’ai découvert très vite le lien sacré entre mon énergie, ma psyché, ce que certains appelleront créativité, avec quelque chose qui semble venir d’ailleurs, qui relève de l’inconscient, d’un rapport avec le divin. C’est tellement mystérieux que je dois y obéir. C’est peut-être pour cela qu’on ne me fait pas faire ce que je ne veux pas. Quand vous sentez cette connexion, prenez la au sérieux, cela se sent dans le travail que vous faites. Je l’ai ressenti en voyant le film de Julia Ducournau. Titane est un film pur, honnête et unique.

 

masterclass_janecampion_renerlea © Léa Rener


Processus créatif

Mes sujets me choisissent. Je me sens  chanceuse car, une fois qu’une histoire se met en forme dans ma tête, j’arrive à la porter, un peu comme ma fille qui est si déterminée quand elle veut obtenir quelque chose. Cela a beaucoup à voir avec l’extrême confiance que l’on peut avoir dans le projet, cela crée un champ d’énergie autour de lui, même s’il ne se concrétise pas tout de suite. Cela marche aussi avec les acteurs.

 

The Power of the Dog

J’aime parler de mes films récents : souvent, on ne comprend pas son attraction spécifique envers son film avant de commencer à en parler.  Dans le cas d’une adaptation (The Power of the Dog est adapté du roman de Thomas Savage), une intimité se crée avec l’auteur et je prends cela très au sérieux, j’ai vraiment envie de rendre justice à l’œuvre, j’ai laissé le livre enrouler ses tentacules autour de moi.

 

Influences

J’aime tout ce qui est bien fait ! Terrence Malik, l’énergie folle de Kubrick, de Buñuel, Coppola qui est vraiment une source d’inspiration dans son choix d’acteurs… Bien sûr que j’ai appris le langage du cinéma, comme celui de Bresson, mais on ne peut pas dire que j’ai une école cinéphile. Il est vraiment possible de poursuivre une trajectoire personnelle. 

Propos recueillis par Charlotte Pavard

 

Catégories : Lecture Zen