Bulle Ogier,

idole


Posté le 14.10.2021


 

 

La comédienne Bulle Ogier a tracé un chemin singulier ponctué de grandes fidélités à des cinéastes inclassables.

Le début de carrière de Bulle Ogier est un jaillissement tendu, celui des Idoles de Marc'O (1967). Elle est Gigi, chanteuse yéyé très en forme et impressionnante de présence nerveuse dans un corps si ténu. Elle y joue au côtés de Jean-Pierre Kalfon, acteur qu'elle retrouve ensuite dans L'Amour fou (1969) de Jacques Rivette, cinéaste avec qui Ogier va vivre une de ses grandes histoires de cinéma en tournant sept long-métrages, tout un cinéma de fantastique réel qui se déploie. Elle est un fantôme élégant à côté de son compagnon, le cinéaste et acteur Barbet Schroeder, dans Céline et Julie vont en bateau (1974). Elle traverse la ville avec sa fille, Pascale, à la recherche de quoi se battre comme des samouraïs contre des ennemis dans Le Pont du Nord (1981).

Son univers se compose aussi visions énigmatiques de Marguerite Duras (Des journées entières sous les arbres, 1976, Le Navire Night, 1979), ou de l'Allemand Werner Schroeter (Flocons d'or, 1976). Elle semble tout parcourir sans étonnement, avec au contraire un appétit phénoménal de fille libre, dont la fluidité fascine.

 

MAITRESSEMaîtresse, 1976

Elle voyage. On la suit. Elle est à la recherche du paradis caché dans La Vallée (Schroeder, 1972), apprend à tricher par esprit d'aventure dans Tricheurs (Schroeder, 1984), ou se mue en dominatrice face à un Gérard Depardieu aussi céleste qu'elle dans Maîtresse (Schroeder, 1976). Ce film très méticuleux est encore pour Bulle Ogier l'occasion d'incarner une femme insaisissable qui joue naturellement avec les autres, sans faire d'histoire. "Moi on ne me pose jamais de questions parce que soit je mens, soit je ne réponds pas," confie tranquillement son personnage.

On pourrait citer aussi les noms des cinéastes André Delvaux, Luis Bunuel, Daniel Schmid, Rainer Werner Fassbinder, Raul Ruiz ou Claude Goretta, Xavier Beauvois et bien d'autres. Tous ont demandé à Bulle Ogier de venir traverser leur route. Mais, l'un de ses plus beaux rôles reste celui de Rosemonde dans La Salamandre (Alain Tanner, 1971). Elle prend la peau d'une fille qui se lève tard, ouvrière rock au regard las et ravissant qui magnétise deux hommes, loin de tout sentiment ou désir sexuel. Le visage et la silhouette d'Ogier prennent le noir et blanc de la pellicule de façon spectaculaire, contrastée, profonde. Cela révèle une comédienne qui ne s'occupe jamais de la caméra, uniquement concentrée à défendre son personnage de fille qui veut que les gens arrêtent de l'emmerder ! La Salamandre impose une Bulle Ogier décidément hors système, parce que le système, ça n'a pas d'importance.

 

Virginie Apiou

 


Séances :
Céline et Julie vont en bateau de Jacques Rivette (1974, 3h12)

Lumière Terreaux je14 14h30

Restauration par Les Films du Losange

 

Maîtresse de Barbet Schroeder (1976, 1h52, int-16 ans)

Sainte-Foy-lès-Lyon je14 20h

Restauration par Les Films du Losange

 

La Salamandre d’Alain Tanner (1971, 2h)

Pathé Bellecour ve15 14h45 | UGC Ciné Cité Confluence sa16 11h

Restauration par Tamasa

 

 

 

Catégories : Lecture Zen