Trois questions

« La virtuosité instrumentale doit correspondre à la virtuosité du film ! »


Posté le 13.10.2021


 

Dans quelques heures, le compositeur allemand Günter Buchwald dirigera l’Orchestre national de Lyon lors du ciné-concert organisé ce mercredi à l’Auditorium. Avant de livrer sa partition accompagnant le film Casanova d’Alexandre Volkoff, le chef d’orchestre se confie.

 

Dans quelques heures, le compositeur allemand Günter Buchwald dirigera l’Orchestre national de Lyon lors du ciné-concert organisé ce mercredi à l’Auditorium. Avant de livrer sa partition accompagnant le film Casanova d’Alexandre Volkoff, le chef d’orchestre se confie.

Comment avez-vous abordé la création de cette partition orchestrale pour Casanova ?

Cette musique est née de quarante ans d’expérience d’accompagnement des film muets, soit comme instrumentaliste (piano et violon), soit comme compositeur. Il y a donc déjà une conception individuelle des règles : une grande variation d'instrumentation (de ce que l’on appelle le « full orchestra » jusqu'aux solos (violon, flute, cor, cor anglais, mandoline etc.), et parfois même des pauses complètes. Je voulais surtout une grande variation dans les mesures et les temps pour éviter un rythme trop mécanique et répétitif. Pour préparer cette composition, j’ai tout d’abord effectué des recherches sur les musiques existantes de l'époque de l’histoire du film : la mélodie de l’opéra-ballet Le Carnaval de Venise signé par le compositeur français André Campra, est l’un des thèmes musicaux dans Casanova.

Il y a beaucoup des scènes de danse et un orchestre derrière, il faut respecter cela lors de la création de l’accompagnement musical du film. Il est important de composer des musiques dans l'esprit de l’histoire, on doit retrouver l'Italie, l’Autriche et la Russie du XVIIIème siècle. Casanova, dans ce film est un homme qui sauve les femmes des mains de brutes : il fallait trouver des thèmes musicaux qui évoquent l’amour, mais aussi la lutte pour défendre ces femmes.  C’est un film éblouissant, plein d'actions et d’émotions : il requiert une musique qui laisse apparaître tout cela en même temps. Il y a peu de thèmes musicaux mais j’utilise ce matériel comme base pour des variations permanentes, c'est pourquoi j’ai appelé mon œuvre Variations symphoniques.

 

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Quelles sont les difficultés dans la composition et la direction orchestrale lors d’un ciné-concert ?

La première difficulté réside dans la durée du film (160 minutes) : il faut arriver à une virtuosité instrumentale qui correspond à la virtuosité du film ! Il faut donc demander aux musiciens un niveau technique comparable à celui nécessaire pour jouer une symphonie de Tchaïkovski. Quant à la direction orchestrale lors d’un ciné-concert, il faut réaliser une symphonie d'une durée donnée et en même temps la synchroniser avec un film dont on ne peut pas changer la vitesse ou la durée pendant la projection. La synchronisation est en soi un challenge !

Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?

Je viens d'enregistrer deux musiques pour les films muets français L’Arlésienne et La Femme et le Pantin. Je continue aussi à travailler sur la partition de Casanova en vue d’un concert qui se tiendra à Moscou au mois de novembre. Je prépare également une musique pour petit ensemble pour accompagner le film The Cameraman, de Buster Keaton pour le festival Slapstick de Bristol. Je débute la composition d’une musique orchestrale pour le film russe Boule de Suif, adapté de Guy de Maupassant. Je travaille également sur la préparation du ciné-concert Les Temps Modernes de Charlie Chaplin avec l'orchestre philharmonique de Fribourg.

 

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Mercredi 13 octobre à 20h30 à l’Auditorium de Lyon : Ciné-concert Casanova d’Alexandre Volkoff. Accompagnement par l’Orchestre national de Lyon dirigé par Günter Buchwald

 

Propos recueillis par Laura Lépine

 

 

Catégories : Lecture Zen