Que Viva Mexico!,

le film maudit d’Eisenstein


Posté le 15.10.2021


 

La documentariste Claudia Collao s’intéresse à Que Viva Mexico ! de Sergueï Eisenstein, un film qui n’a jamais existé.


Quel était l'objectif de votre documentaire ? 

Le film s’inscrit dans une collection de quatre épisodes qui traitent de films maudits. Dans chacun d’entre eux, j’essaie de traiter du film comme un personnage à part entière. On est au début des années 30, Eisenstein n’a pas réussi à se fondre dans le moule hollywoodien. Que Viva Mexico ! doit alors être une très ambitieuse saga en six parties retraçant toute l’histoire du Mexique, de ses origines jusqu’à la Révolution mexicaine. Sur six, Eisenstein n’en a tourné que quatre et il n’a pu monter les rushes, longtemps bloqués aux Etats-Unis par la guerre froide. Ils ont été découverts et vus bien après la mort du cinéaste, dans les années 1970. Eisenstein n’en jamais vu la moindre image.

 

Europa-Maudits-Que-Viva-MexicoEuropa maudits : ¡ Que Viva Mexico !,  2021


On a le sentiment que ce tournage est un moment de vie très heureux pour le réalisateur…

Que Viva Mexico!, est un énorme malentendu. Eisenstein se croit libre. Il a été dépêché en Amérique pour tourner un film avec des procédés sonores que l’URSS compte ensuite utiliser. Les États-Unis eux, ont pensé attirer le cinéaste le plus intéressant du moment. Chacun voit ses intérêts. Eisenstein pense naviguer entre les deux nations, avoir acquis une certaine autonomie, mais il est aux prises avec deux puissances mondiales. Il est suivi par les services secrets mexicains, pisté par les services secrets russes et il rend des comptes à son mécène, Upton Sinclair, écrivain socialiste marié à une milliardaire ! La légende veut qu’au bout de trois ans Staline ait envoyé un télégramme à Sinclair pour enjoindre Eisenstein de rentrer tout de suite !

Lors de ces trois années de tournage, le cinéaste est heureux, épanoui, n’a pas de limites, et les photos de tournage que l’on voit dans le film le montrent bien. Les images tournées sont fabuleuses, tellement modernes, elles ressemblent à ce que ferait un jeune réalisateur aujourd’hui, alors qu’elles datent de 1931-1932. Eisenstein avait conservé comme des reliques les petits souvenirs rapportés du Mexique, car c’était un rêve envolé. Et il disait aussi que c’était son film préféré, alors qu’il n’en avait jamais vu une image.

Charlotte Pavard

 

 


Séance :

Europa maudits : ¡ Que Viva Mexico ! de Claudia Collao (2021, 52min)

Villa Lumière ve15 9h30

 

 

Catégories : Lecture Zen