Pipe et chapeau

Visite chez Tati


Posté le 13.10.2021


 

Dans Jacques Tati, Tombé de la Lune, Jean-Marie Péretié raconte comment le méticuleux réalisateur fit de sa silhouette longiligne et de son regard malicieux sur les conventions un style inimitable.

 

De l’élève turbulent au talent d’imitateur, qui se plaisait (déjà) à constater les imperfections du milieu bourgeois familial, au cinéaste obsessionnel empêché, Jean-Marie Péretié retrace dans Jacques Tati, Tombé de la Lune l’ascension artistique singulière de Jacques Tatischeff - son nom complet -, égrénant d’abord de façon chronologique les étapes qui ont accompagné son envol vers la reconnaissance internationale.

Porté par la voix de Denis Podalydès, le documentaire s’attarde ensuite plus longuement sur l’épisode qui a brûlé les ailes de ce bourreau de travail : la douloureuse fabrication du très ambitieux Playtime (1967), éblouissant sommet de précision de mise en scène dans lequel Tati, récompensé une décennie plus tôt à Cannes et aux Oscars pour Mon Oncle (1958), investira tout, jusqu’à en sortir épuisé et ruiné.

 

Jacques-Tati-Mon-OncleMon Oncle, 1958

« Playtime m’a beaucoup fait souffrir, physiquement et financièrement, mais c’est vraiment le long métrage que je voulais réaliser. Ce sera toujours mon meilleur film », confiera-t-il à propos de ce chef-d’œuvre visuel qui fut un échec commercial en dépit d’un accueil critique favorable. Bluffé par la découverte de ce long métrage « venu d’une autre planète », François Truffaut qualifiera même Tati de « martien ».

« Tati va mettre dans la réalisation de Playtime toute son ambition et son énergie, explique Jean-Marie Péretié. C’est cette façon de tout jouer, d’y aller à fond, que je trouvais très belle à raconter. Ensuite, il n’aura plus les moyens de ses ambitions. Tout est déroutant chez lui. Il a un côté extraterrestre et en même temps extrêmement rigoureux qui lui venait du music-Hall, où on l’on répète sans cesse. Il avait l’idée qu’un film est une œuvre en évolution permanente. C’était un cinéaste unique. »

Jacques Tati, Tombé de la Lune souligne également toute l’importance du personnage phare de son cinéma : le lunaire et virevoltant Monsieur Hulot - interprété par Tati lui-même -, dont l’inimitable démarche sur la pointe des pieds, « le nez au vent et le falzar trop court », a constitué la matière première de son travail jusqu’à la fin de sa carrière, au cours de laquelle il réalisa cinq films.

 

 

Benoit Pavan
 


Séance :
Jacques Tati, tombé de la Lune
de Jean-Baptiste Péretié (2021, 1h)
Villa Lumière me13 16h45

 

Catégories : Lecture Zen