Maggie Gyllenhaal,

l’atypique


Posté le 09.10.2021


 

Actrice inventive et audacieuse, Maggie Gyllenhaal passe derrière la caméra avec The Lost Daughter, d’après Elena Ferrante.

 

Elle a su construire une carrière atypique, à l’ombre d’une famille 100% impliquée dans le cinéma : père réalisateur, mère scénariste, frère (sacré) comédien. Sa taille et sa beauté singulière, pommettes hautes, regard bleu perçant, l’ont tout de suite distingué de jeunes premières plus conventionnelles. Elle a multiplié les expériences, parfois radicales, dans le cinéma indépendant (La Secrétaire, 2002, Sherrybaby, 2009) avant de décrocher des seconds rôles dans des plus grosses productions : World Trade Center d’Oliver Stone (2006), qui la bouleversa, ou The Dark Night (2008) de Christopher Nolan. Elle est nommée en 2010 à l’Oscar pour son rôle dans Crazy heart, aux côtés de Jeff Bridges.

En 2018, elle produit et interprète The Kindergarten Teacher, remake américain d’un film israélien de Nadav Lapid. C’est dire qu’elle a pris les rênes de son parcours, s’approchant tout doucement de la réalisation. Son rôle de Candy, travailleuse du sexe devenue entrepreneuse puis réalisatrice de films pornos à New York dans la série culte The Deuce (2017-2019), l’ayant convaincue de sauter le pas.  « J’ai su que j’étais devenue réalisatrice à ce moment-là » expliquait-elle au Festival de Venise.

The Lost Daughter 2020Maggie Gyllenhaal sur le tournage de The Lost Daughter


De toute façon, elle n’a pas le choix. Quand elle écrit à Elena Ferrante, la mystérieuse auteure de L’Amie prodigieuse, pour lui demander les droits de Poupée volée (arrachés de justesse au cinéaste italien Saverio Costanzo), celle-ci répond qu’il y a une seule condition à son accord : que Maggie en soit la réalisatrice. Ferrante accepte aussi que l’histoire soit transposée hors d’Italie, une première. Maggie Gyllenhaal s’attelle alors à cette évocation puissante, brutale, du fait d’être mère : une femme solitaire en vacances est plongée dans ses propres souvenirs de maternité à force d’observer une famille sur la plage…

Un temps prévu dans le New Jersey, le tournage, serré, est finalement déplacé, pandémie oblige, sur une petite île grecque, avec quarantaine obligatoire. Maggie serre les dents, s’appuie sur son équipe et sur ses interprètes. Notamment la géniale Olivia Colman, auréolée de son Oscar pour La Favorite. "Je suis amoureuse de Maggie, raconte la comédienne, c'est la créature la plus sexy que j'aie jamais vue. Je veux lui ressembler. Quand on s'est rencontrés, j'étais trop stupide pour comprendre ses références littéraires, mais ensuite on s'est toutes les deux saoulées et tout a été plus facile !" Parmi les comédiens de The Lost Daughter, on trouve aussi, famille de cinéma oblige, l’excellent Peter Saarsgard, qui n’est autre que le mari de Maggie. Une cinéaste est née.

Charlotte Pavard

 


Avant-première

The Lost Daughter (2021, 2h01)

Institut Lumière di10 17h15 | Pathé Bellecour lu11 20h15

 

Catégories : Lecture Zen