Posté le 09.10.2021
Première séance de l’hommage à Gilles Grangier : un polar comme ile cinéaste français savait les faire, mais aussi un peu plus que ça…
Tuer un homme, c’est long et compliqué, Hitchcock en a fait un principe de mise en scène dans Le Rideau déchiré. Une dizaine d’années plus tôt, sans tapage, ce bon artisan du polar à la française qu’est Gilles Grangier en a fait autant dans Meurtre à Montmartre (1957). Mais qui l’a remarqué ? Donc, il faut se débarrasser d’un gêneur, mais comment faire ? Le pistolet, le poison ? Au moment où ça se passe, et c’est une trouvaille géniale, l’un des coupables, troublé par son geste, une agonie trop pénible, un remords qui passe, saigne du nez. « Attention aux taches de sang », lui dit sobrement son complice. La scène est glaçante.
Meurtre à Montmartre, 1957
L’homme victime d’un vaisseau trop fragile, c’est Paul Frankeur, immense comédien qui n’a rien d’un jeune premier. C’est pour lui donner un grand rôle, enfin, à la demande d’un producteur, que Grangier a mis en chantier cette histoire de faussaires, d’abord baptisée Reproduction interdite, puis, pour la rendre plus commerciale, Meurtre à Montmartre. Tant pis si l’action se passe rive gauche, là où vit le peintre bohême qui devient un grand faussaire : on explique à Grangier que Meurtre à Montparnasse ne tiendrait pas sur l’affiche…
Frankeur, marchand de tableaux ruiné, grugé puis grugeur, est génial en pater familias épuisé, poussé au crime. Il domine une distribution haut-de-gamme où l’on remarque Michel Auclair, Annie Girardot, Albert Dinan – un habitué des films de Grangier. Au moment de tourner, Gilles Grangier, réalisateur de polars de série, s’est-il un instant identifié au peintre joué par Gianni Esposito, impuissant à faire œuvre personnelle et réduit, par son immense savoir-faire, à copier les grands maîtres ? On ne le saura jamais.
Aurélien Ferenczi
Meurtre à Montmartre (1957, 1h32)
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