Posté le 10.10.2021
Il a été l’un des plus grands cinéastes français, le président de l’Institut Lumière et il a longtemps rêvé de ce festival qui aujourd’hui lui survit. Hommage est rendu ce soir à Bertrand Tavernier, zélote du cinématographe et humaniste.
Au quotidien, son absence est ressentie par ses proches et par ce large réseau de cinéphiles avec qui il échangeait des e-mails enthousiastes et informés, après avoir revu tel film hollywoodien qu’il traquait depuis longtemps ou obtenu telle info sur l’histoire du cinéma. Mais c’est peut-être au festival Lumière que la disparition de Bertrand Tavernier, parti au printemps dernier, va être vécue de façon tangible par le plus grand nombre. Par celles et ceux qui goûtaient ses présentations érudites et joyeuses, dans la grande salle de l’Institut Lumière, ou qui s’émerveillaient de la tenue littéraire de son éloge du récipiendaire du Prix Lumière, texte qu’il peaufinait chaque année, et disait à sa manière de grand timide, regard baissé, micro vacillant…
Le festival mettait en lumière, si l’on ose dire, quelques-unes de ses grandes qualités : une curiosité sans bornes, un engagement sans faille au service de ses valeurs – et la défense du cinéma et des cinéastes en était une – et puis cette conviction communicative qu’admirer autrui, un pair, un créateur, n’est jamais un aveu de faiblesse mais toujours un sentiment qui vous grandit.
L'Âppat, 1995
On ne va pas refaire ici, en quelques lignes, le parcours de cinéaste et celui de citoyen de Bertrand Tavernier, mais on peut souligner que les deux étaient intimement liés, que ses films étaient ses visions du monde et qu’ils étaient nourris par cette certitude que l’homme et la société devaient tendre vers cette « honnêteté ordinaire » ou « décence commune » qu’il empruntait à George Orwell. C’était une éthique de comportement et, finalement, une foi en l’homme.
Il reste ses films et ils sont emplis de lui. On pense, par exemple, au personnage du comte de Chabannes dans La Princesse de Montpensier. Bertrand Tavernier lui avait donné sa pudeur, sa foi totale en la raison face à la folie des hommes. Son interprète, Lambert Wilson, dira sans doute cet intime transfert du cinéaste à lui-même. Et tous celles et ceux qui l’ont admiré et qui ont accompagné son chemin le raconteront. Ce sera un peu triste et sûrement très joyeux !
Aurélien Ferenczi
Soirée Hommage à Bertrand Tavernier
Lectures, montages, extraits, musique !
Auditorium de Lyon di 10 19h45