Coup de projecteur

La Fête et les Invités


Posté le 13.10.2021


 

Une simple forêt, un groupe de femmes et d'hommes, voici La Fête et les invités, satire très bien organisée du cinéaste tchèque Jan Němec.


Tournée en 1966, dans un noir et blanc qui empêche tout illusion, cette fantaisie grinçante commence aimablement par la déclaration d'une blonde charnue et charnelle : "J'aime être en bonne compagnie, bien m'amuser, et la bonne chair". Le réalisateur livre alors une interprétation très personnelle de ces répliques. Tel Fellini filmant des personnages extravagants qui paradent, et dont les comportements exhalent les dépressions d'une société prête à craquer, Němec dévoile peu à peu combien la sinistre influence d'un état tyrannique pèse sur ceux qui le subissent.

 

LA-FETE-ET-LES-INVITESLa Fête et les Invités, 1966


Filmés en gros plans, les visages expriment tour à tour l'effroi derrière des sourires grimaçants, la lâcheté devant l'humiliation, et une certaine folie obsessionnelle suscitée par la soumission obligatoire. Les personnages seuls face au groupe se déballonnent, ou tentent tout pour être dans la meute. Pourtant le film pose toutes les questions, on ose même un "qu'en est-il des droits de l'Homme ?" Après un début sarcastique et visuellement splendide, La Fête et les invités se tend de plus en plus, et cache sous une apparente grande civilité, une grande sensation de menace. Aussi, quand un personnage clame être un démocrate, suivi bientôt par un autre, on croit comprendre strictement le contraire.

 

Virginie Apiou

 


Séances :

La Fête et les invités de Jan Němec (O slavnosti a hostech, 1966, 1h11)
Restauration 4K en collaboration avec le Festival du Film Karlovy Vary, la Národní filmový archive, Prague et le Czech Film Fund.
UGC Confluence me13 19h15 | Institut Lumière ve15 09h30

 

 

Catégories : Lecture Zen