Ça se passe

à Lumière


Posté le 13.10.2021


 

 

Rainer Rother, directeur de la Deutsche Kinematheke de Berlin, présentant Ariane, jeune fille russe de Paul Czinner.

« Le rôle principal est tenu par Elisabeth Bergner. Le réalisateur viennois et l’actrice ayant débuté leur collaboration en 1924 dans le film À qui la faute ?. L’actrice était déjà une célèbre comédienne de la scène théâtrale berlinoise. Elle apparaît souvent délicate et fragile comme dans Ariane…, et pourtant, elle est est fière. Son talent apparaîtra particulièrement dans ses films sonores. Le scénario est signé Carl Mayer, inoubliable scénariste du film d’horreur Le Cabinet du Dr Caligari (1920). Ariane, jeune fille russe est une production Nero film, une société d’art et d’essai désormais légendaire, avec des productions aussi célèbres que M le Maudit ou Le Testament du Docteur Mabuse. Une liste impressionnante de chef d’œuvres dont la plupart ont pu être restaurés ces dernières années par la cinémathèque allemande. Pour la restauration d’Ariane…, nous nous sommes appuyés sur deux copies d’époque de la Cinémathèque suisse. Nous avons pu identifier le meilleur matériel son et image en les comparant et obtenu une amélioration largement significative au niveau du son.  Nous avons rendu au film sa beauté. »

 

Irène Jacob, présidente de l’Institut Lumière, présentant Portrait de Femme, de Jane Campion

« J’ai découvert le cinéma de Jane Campion avec Sweetie, son premier film, puis Un Ange à ma Table, que j’ai vus quand ils sont sortis en salle. J’étais une toute jeune comédienne. Elle avait une originalité et des personnages féminins tellement forts et singuliers, aimés et défendus, que j’ai été bouleversée. Je me suis alors documenté sur elle. Elle a fait des études d’anthropologie et d’arts. Puis, elle est entrée dans une école de cinéma, où il lui a fallu se différencier des autres élèves, qui étaient tous des hommes. Elle raconte qu’elle a très tôt décidé de prendre un point de vue personnel pour chacun de ses projets. En tant que femme, elle voyait des histoires de femmes. Avec cette idée : qu’est-ce que c’est, pour une femme, d’avoir des aspirations différentes de celles qu’une société attend de nous. Et comment avancer avec l’espérance de trouver une vie qui nous ressemble, à l’abri des prédateurs qui vont nous barrer la route ? Dans ce film, j’ai été bouleversé par la qualité du jeu, notamment Nicole Kidman. La façon dont Jane Campion tisse ses personnages est admirable. Elle raconte souvent que ce qu’elle aime le plus, c’est lorsqu’elle voit un acteur s’envoler. C’est le moment où elle a l’impression qu’il se saisit du rôle. Et dans ce film, c’est le cas. »

 

Irene Jacob Eric VOIDEY © Eric Voidey

 


Propos recueillis par Benoit Pavan et Charlotte Pavard

 

 

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