Avant-Première

La fracture de Catherine Corsini


Posté le 16.10.2021


 

A l’occasion de l’avant-première de La Fracture tenue ce vendredi à l’UGC Confluence, la réalisatrice Catherine Corsini est revenue sur les coulisses de ce film sélectionné au dernier festival de Cannes. Une œuvre coup de poing, lumineuse et drôle sur les maux de notre société et en particulier ceux du système hospitalier. Extraits choisis.

 

Un film né aux urgences

C’est un film de fiction mais je voulais une représentation fidèle de l’hôpital, avec beaucoup de fantaisies, de lumière et d’humour : je ne voulais pas que ce soit plombant pour le public. C’est en me retrouvant aux urgences en tant que patiente que j’ai eu l’idée du film. J’avais le désir d’aller ausculter la société française à cet endroit précis : l’hôpital est le reflet de notre société. Ce que j’ai découvert est plus lourd que dans le film : il y a beaucoup de détresse sociale et psychologique.

 

Tournage

On voulait tourner dans un hôpital, mais à cause du Covid, ça n’était pas possible. Lors des repérages, on est allés voir les sous-sols de l’hôpital Edouard-Herriot à Lyon. Au dernier moment, on nous a dit que c’était impossible en raison du covid, on a dû trouver un autre décor. On a utilisé les sous-sols d’Airbus pour tourner, en prenant comme modèle l’hôpital Lariboisière à Paris car j’aime le côté sombre de ce lieu.

 

FRACTURELa Fracture, 2021

 

Aissatou Diallo Sagna

Nous avons tourné le film il y a un an, et donc en pleine pandémie. Le casting a été assez long, on a vu 350 soignants. C’était important d’avoir des soignants pour vérifier la véracité des gestes médicaux. Au départ, pour le rôle de Kim je cherchais une actrice, mais il fallait cette autorité nécessaire chez les soignants et la précision des gestes. Lors du casting, j’ai eu la chance de rencontrer Aïssatou Diallo Sagna qui est aide-soignante, on lui a proposé le rôle de Kim. Je trouve qu’elle a apporté une force et l’autorité nécessaire à ce personnage.

 

Projection aux soignants

Nous avons présenté le film à deux cents soignants lors d’une projection spéciale à Paris. Ils nous ont dit que le fim était important pour eux, ils espèrent qu’il aura un écho. On a été bouleversés par leur avis sur le film. Je ne sais pas si le cinéma peut changer les choses, mais la situation de l’hôpital s’est détériorée avec le Covid et rien n’a changé, il manque cruellement de personnel.

 

L’hôpital en souffrance

Ayant vu des documentaires sur l’hôpital qui date de 10/15 ans, on se rend compte que c’est un endroit de plus en plus violent. Il y a des agressions de soignants, des boutons poussoirs ont même été installés pour alerter dans ces situations. Il y a une violence de plus en plus palpable. Dans le film, il est question des manifestations des Gilets jaunes et du quotidien des soignants : il y a aujourd’hui une partie de la population, sacrifiée, méprisée. Je voulais montrer comment on ne les écoute pas. Notre vœu le plus cher est que le film soit vu : on aimerait que les gens qui sont les décisionnaires puissent le voir et entendent ce qui est dit. Le cinéma c’est ça : restituer ce qu’il se passe.

 

Propos recueillis par Laura Lépine

 

 

 

 

Catégories : Lecture Zen