Posté le 15.10.2021
À la tête de la Cineteca – la cinémathèque - de Bologne et du festival Il Cinema Ritrovato – le cinéma retrouvé -, il consacre sa vie au cinéma de patrimoine.
Que représente pour vous le prix Raymond Chirat ?
Une joie, une surprise. J’ai eu la chance de connaître Raymond Chirat que j’ai invité à Bologne. Les filmographies de ses Histoires du cinéma français étaient pour moi une référence. C’était comme avoir une boussole pour travailler. Chirat a pointé les données essentielles (nom du cinéaste, synopsis, etc.) qui nous permettent déjà d’imaginer un film qui, alors, n’est plus un objet obscur, une planète improbable dont nous ne savons rien. Et puis, c’est recevoir un prix à Lyon, la ville où le cinéma a commencé. Ce n’est pas un endroit quelconque, donc je suis très honoré.
Comment définissez-vous votre travail ?
Je dirige depuis vingt la Cineteca de Bologne où l’on travaille spécifiquement sur le lien entre un patrimoine cinématographique mondial et aujourd’hui. Et cela, dans tous les secteurs, dont les restaurations, grâce au laboratoire L’Immagine Ritrovata (l’image retrouvée). A chaque fois que l’on restaure un film, on doit connaître son histoire technique, artistique, esthétique, et ne pas trahir ces éléments. Cela demande une connaissance historique et en même temps il faut montrer la grande modernité de ces films. Conjuguer la vérité d’une œuvre ancienne, donc passée, avec sa vérité moderne, c’est le travail historique d’un festival comme Lumière ou Il Cinema Ritrovato, parce que dans un monde qui ne regarde obsessivement que le présent, avoir une idée de l’histoire passée nous permet d’accueillir le futur avec moins d’angoisse.
© Jean-Luc Mège
Comment voyez-vous votre métier à l’avenir ?
On sort d’une période extrêmement compliquée, donc ce qui nous attend n’est pas évident, mais je suis optimiste. Des endroits comme l’Institut Lumière ou la Cineteca ont un avenir formidable parce qu’ils sont uniques. On y trouve la beauté, la force et la modernité du passé. Nous vivons un moment de grandes transformations qui nous obligent à nous remettre en cause, à chaque jour nous réinventer, aller voir plus loin, aider les cinématographies de pays qui n’ont pas la possibilité d’avoir des cinémathèques, ouvrir toujours plus notre rapport avec le public.
Propos recueillis par Virginie Apiou